Une page se tourne dans l’univers olympique. Le processus de candidature aux Jeux vivra bientôt la réforme la plus radicale de sa longue histoire. Pour reprendre les mots de Thomas Bach, le président du CIO, il deviendra « flexible », à tous les sens du terme. Il était temps.
Confronté à une pénurie de candidatures, le CIO s’est décidé à réagir. Un groupe de travail a été formé pour plancher sur le dossier. Piloté par un historique de la maison, l’Australien John Coates, il est composé de la Slovaque Danka Bartekova, l’Argentin Gerardo Werthein, la Burundaise Lydia Nsekera et la Chinoise Li Lingwei. Ils doivent proposer une réforme du processus à la prochaine session du CIO, prévue du 24 au 26 juin 2019 à Lausanne.
Son contenu reste flou. Mais Thomas Bach l’a assuré en fin de semaine passée, à l’occasion d’une conférence de presse téléphonique organisée depuis le tout nouveau siège de l’institution : plus rien ne sera comme avant. Une révolution, rien de moins.
Premier changement, le plus novateur : la fin de la sacro-sainte « règle des 7 ans. » Thomas Bach l’a expliqué : « Une ville-hôte pourra être choisie avant, ou après. Nous voulons plus de souplesse. » En clair, le CIO se réserve le droit d’attribuer les Jeux sans fixer une date précise pour la fin de la course. A moins de 7 ans des Jeux, ou au contraire 8 ou 10 ans à l’avance. L’intention est louable. Reste à trouver un processus qui tienne la route et garantissent des chances égales à tous les prétendants. Pas simple.
Le reste est à l’avenant, radical mais encore très énigmatique. Thomas Bach l’a annoncé : le futur processus de candidature pourra concerner deux villes ou plus, comme c’est le cas aujourd’hui, ou au contraire une seule. « Une ville unique pourrait être proposée par la commission exécutive si elle était jugée au-dessus du lot ». La session du CIO serait alors réduite à une chambre d’enregistrement, appelée à valider un choix déjà effectué par la commission exécutive et celle des candidatures.
La souplesse, donc. A tous les niveaux. Elle s’appliquera au nombre de villes candidates comme à la durée du processus. Et même, l’a suggéré Thomas Bach, au dossier de candidature. Interrogé sur un possible projet de Sapporo pour les Jeux d’hiver 2030 où des épreuves pourraient se disputer à Pékin et PyeongChang, le président du CIO a répondu : « Nous encouragerons les candidatures à chercher des solutions hors de leurs frontières si elles ne possèdent pas certaines installations et n’ont pas nécessité à les construire. »
Thomas Bach en est persuadé : un processus plus souple permettra tout à la fois de « faire moins de perdants » et d’inciter les villes battues à se relancer quatre ans plus tard dans l’aventure. Reste au groupe de travail mené par John Coates à inventer une réforme crédible et convaincante. Son projet sera présenté à la fin du mois à la session du CIO. En cas de validation, très probable, le groupe de travail laissera place à une commission des futures villes hôtes. Elle aura un rôle majeur à jouer dans l’avenir de l’institution olympique.