Les joueuses américaines ont-elles définitivement changé le cours de l’histoire ? Possible. Deux jours après la victoire des Etats-Unis en finale du Mondial 2019 de football, dimanche 7 juillet à Lyon, un sénateur démocrate a présenté un projet de loi qui pourrait renvoyer sans ménagement l’inégalité entre hommes et femmes dans les oubliettes de l’histoire.
Joe Manchin, le sénateur de Virginie, a surpris son monde en sortant de sa poche un texte sans nuance ni compromis. Son projet de loi veut tout bonnement empêcher le gouvernement américain de verser le moindre dollar pour l’organisation de la Coupe du Monde de football en 2026, attribuée aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique, tant que la Fédération américaine de football n’aura pas mis en place l’égalité des salaires pour ses équipes nationales masculine et féminine.
Le texte est ainsi rédigé : « Aucun fonds fédéral ne peut être affecté ou mis à disposition pour soutenir la Coupe du Monde 2026, y compris pour une ville hôte, un état ou un comité local d’organisation, pour la Fédération de football des États-Unis, la Confédération de football d’Amérique du Nord, centrale et des Caraïbes (CONCACAF), ou la FIFA, avant la date à laquelle la Fédération américaine de football acceptera de verser une rémunération équitable. »
A ce stade, il s’agit seulement d’un projet de loi. Rien n’est encore définitif. Mais le buzz médiatique qui a suivi la victoire des Américaines au Mondial 2019, et plus encore les déclarations de leur capitale, Megan Rapinoe, pourrait bien orienter le vent dans le bon sens.
Le projet de Joe Manchin ferait suite à un courrier de Nikki Izzo-Brown, la coach du programme de football de l’Université de Virginie-Occidentale. La technicienne y réclamait à son tour un traitement égal entre les hommes et les femmes.
Joe Manchin n’a pas hésité. Il a profité du moment pour rédiger un projet de loi. « Le salaire clairement inéquitable entre les équipes masculines et féminines de football des États-Unis est inacceptable et je suis heureux que la dernière victoire de nos joueuses provoque un tollé dans l’opinion, a-t-il expliqué dans un communiqué. Elles sont les meilleures au monde et méritent d’être payées en conséquence. »
Pour les joueuses américaines, le combat pour l’égalité de traitement ne date pas du dernier Mondial. En mars 2019, 28 membres de l’équipe nationale ont intenté une action en justice contre leur fédération, U.S Soccer, pour discrimination sexuelle.
Dimanche 7 juillet, le public de la finale a repris en chœur « Egalité des salaires » après la fin de la rencontre, au moment où les joueuses célébraient leur victoire.
La semaine passée, plus de 50 membres du Congrès américain ont co-signé un courrier adressé à U.S. Soccer demandant pourquoi, malgré tous leurs succès, les joueuses de l’équipe nationale féminine recevaient encore des salaires, mais également des conditions de préparation et des moyens, inférieurs aux garçons. A l’évidence, plus pour longtemps.