Vitali Moutko peut afficher un grand sourire. Il peut même, allez, rouler des mécaniques et adresser un immense pied de nez en direction de Lausanne.
L’ancien ministre russe des Sports, banni à vie des Jeux olympiques par le CIO en décembre 2017, a obtenu la levée de cette sanction devant le Tribunal arbitral du sport.
Une victoire, une vraie, pour ce proche de Vladimir Poutine, ministre des Sports entre 2008 et 2016, aujourd’hui numéro 2 du gouvernement russe. En fervent collectionneur de casquettes, Vitali Moutko a également présidé le comité d’organisation du Mondial 2018 de football, jusqu’à six mois avant le début de l’événement, et la Fédération russe de football. Il a démissionné de cette dernière fonction en décembre 2018.
Souvent montré du doigt comme l’un des hommes clés du scandale de dopage dans le sport russe, révélé notamment par le rapport McLaren sur les Jeux d’hiver de Sotchi, Vitali Moutko a été mis au ban du mouvement olympique en décembre 2017. Contraint par les circonstances d’utiliser la manière forte, le CIO avait alors suspendu le comité russe olympique (ROC), et dans la foulée banni à vie Vitali Moutko.
Le ministre russe avait encaissé le coup. Mais il n’a pas accepté la sentence. Il a fait appel devant le TAS. Et, surprise, obtenu gain de cause.
Dans son verdict rendu le 3 juillet, l’instance basée à Lausanne écarte la suspension décidée par le CIO. Elle se réfère pour cela à deux règles de la Charte olympique, respectivement nommées 44 (« invitations et inscriptions ») et 59 (« Mesures et sanctions »), selon lesquelles la sanction infligée au dirigeant russe ne possède pas la moindre « base légale. »
Le TAS le précise sur son site Internet : Vitali Moutko ne peut pas être banni des Jeux car il « n’était et n’est pas un compétiteur olympique, un membre d’une délégation olympique, un arbitre ou un membre de jury. »
Une victoire, donc. Mais une victoire plus symbolique que réellement pratique. Certes, Vitali Moutko n’est plus banni à vie des Jeux olympiques. Mais le TAS le rappelle en toutes lettres : la décision de son panel de juges « n’affecte pas toute décision future » du CIO à son égard, et cela « pour toute édition spécifique des Jeux olympiques. »
Interrogé jeudi 11 juillet par l’agence russe RIA Novosti, Vitali Moutko s’est déclaré « satisfait » de la décision du TAS, mais il n’a pas précisé s’il avait l’intention d’essayer de se rendre à une prochaine édition des Jeux olympiques.
Le CIO, de son côté, s’est fendu d’un communiqué pour prendre « note de la décision du TAS, qui concerne exclusivement la question formelle du pouvoir de sanction du CIO pour les personnes extérieures au mouvement olympique. »
Mais l’institution enfonce le clou : « En même temps, la décision indique clairement que le CIO se réserve le droit de prendre toute décision concernant une édition spécifique des Jeux olympiques. » Le banni ne l’est plus. Mais la porte des Jeux ne lui est pas pour autant grande ouverte.