Paris a décroché les Jeux d’été en 2024. L’Italie recevra à Milan et Cortina d’Ampezzo ceux d’hiver en 2026. Mais il ne fait plus le moindre doute que le centre de gravité de l’Europe du sport s’est déplacé plus à l’est. A Budapest, capitale de la Hongrie.
Réuni à Gwangju, en Corée du Sud, en marge des Mondiaux 2019 de natation, le congrès de la FINA a procédé dimanche 21 juillet à l’attribution des championnats du monde pour les éditions 2025 et 2027. Pour rappel, les deux prochains Mondiaux se disputeront à Fukuoka en 2021 puis à Doha en 2023.
Sept dossiers étaient en lice pour les éditions 2025 et 2027, déposés respectivement par Kazan en Russie, Budapest en Hongrie, Belgrade en Serbie, Melbourne en Australie, Greensboro aux Etats-Unis, ainsi que par l’Ukraine et par la Chine, ces deux derniers pays n’ayant pas encore arrêté leur choix d’une ville-hôte de l’événement.
La bataille s’annonçait intense. Elle ne l’a pas été. Le congrès de la FINA a choisi de dérouler dans le même sens le fil de l’histoire, en attribuant les deux Mondiaux successifs à Kazan pour 2025 et Budapest pour 2027. Les deux villes s’étaient déjà suivies, dans un ordre identique, au cours de la dernière décennie, recevant respectivement l’événement planétaire en 2015 et 2017 (photo ci-dessus).
A en croire Julio Maglione, le président de la FINA, le poids du passé a pesé lourd au moment de la décision. Le dirigeant uruguayen met en avant la qualité des installations, l’Arena de Kazan et la Duna Arena de Budapest, déjà construites et parfaitement fonctionnelles. « Les autres dossiers étaient solides, mais les villes intéressées auraient parfois eu à dépenser beaucoup d’argent », suggère Julio Maglione.
Le choix de Kazan ne surprend pas. Il confirme le retour en grâce de la Russie, écartée un temps du mouvement olympique après les révélations du rapport McLaren sur le dopage d’état. Les Mondiaux de natation en 2025 s’ajoutent à un catalogue d’événements internationaux enrichi au cours des derniers mois par le Mondial de volley-ball masculin en 2022 et l’Universiade d’été en 2023 à Ekaterinbourg.
Budapest, de son côté, s’impose encore un peu plus comme la nouvelle place forte du sport en Europe, voire dans le monde. La capitale de la Hongrie a organisé au printemps dernier les championnats du monde de tennis de table. Elle accueille actuellement les Mondiaux d’escrime. Elle recevra en 2023 les championnats du monde d’athlétisme en plein air. Elle a été choisie pour organiser les deux premières éditions des Jeux urbains mondiaux, en 2019 (13-15 septembre), puis en 2021, initialement attribuées à Los Angeles.
La percée spectaculaire de la capitale hongroise dans le paysage sportif international a débuté par un renoncement. En février 2017, l’équipe de Budapest 2024 met les pouces. Elle annonce son retrait de la course aux Jeux d’été en 2024, laissant la place libre à un double vote 2024/2028 officialisé quelques mois plus tard par le CIO. En cause, la montée de l’opposition politique au projet olympique, et plus encore la perspective d’un référendum dont l’issue semblait jouée d’avance.
Le coup a été rude pour une équipe hongroise partie en douceur, mais dont la campagne a été menée avec intelligence et créativité. Budapest aurait pu en rester là. Au contraire, la Hongrie a choisi de pousser plus fort sur l’accélérateur.
Une équipe a été constituée autour de Balázs Fürjes, l’ancien président de la candidature olympique, désormais secrétaire d’Etat pour Budapest et pour les Evénements sportifs majeurs. Elle est formée pour l’essentiel d’anciens de Budapest 2024. Son rôle: accompagner les fédérations nationales dans leurs campagnes de candidature aux événements européens ou mondiaux. Elle leur apporte son expertise dans les domaines du lobbying, de la communication ou de la présentation d’un dossier.
Officiellement, Budapest ne prépare pas de candidature aux Jeux d’été. Pas encore. La capitale hongroise observe en silence le bal des postulants à l’édition 2032. Mais les Hongrois travaillent. Ils sont devenus incontournables.