Sa réélection à la présidence de World Athletics (ex IAAF), acquise à une unanimité très soviétique, n’a pas changé Sebastian Coe. Le Britannique avance toujours du même pas, décidé et attentif. Mais il n’entend pas se laisser perturber par les éléments.
A Doha, les Mondiaux 2019 sont secoués depuis le premier jour par des vents contraires. La chaleur. La faible affluence dans le stade, criante en fin de semaine passée, désormais plus vraiment d’actualité. Puis l’affaire de dopage entourant le coach américain Alberto Salazar et, par ricochet, certains de ses athlètes présents au Qatar.
Au sixième jour des compétitions, mercredi 2 octobre, Sebastian Coe a rencontré une poignée de journalistes des agences internationales de presse. L’occasion pour l’ancien coureur de demi-fond d’étouffer un à un tous les sujets de controverse. Et surtout de rappeler à tous, aux athlètes notamment, qu’il reste le maître à bord.
La chaleur ? Un vrai sujet, selon Sebastian Coe, mais sûrement pas de nature à faire peser un risque sur la santé des concurrents. « Il fait chaud, mais notre équipe médicale était prête, assure le Britannique. Nous avons mis en place des installations médicales que je ne crois pas avoir vu dans le passé à des championnats du monde ou aux Jeux olympiques. Je ne suis pas certain que nous aurons les mêmes l’an prochain aux Jeux de Tokyo 2020. Les athlètes sérieux se sont préparés spécifiquement pour ces conditions. A Séville, aux Mondiaux en 1999, il nous fallait supporter des températures allant jusqu’a 41°. »
Le manque de spectateurs ? Encore une fois, Sebastian Coe ne cherche pas à nier l’évidence, mais il refuse d’entrer dans la polémique. « Il est certain que nous aurions aimé avoir plus de spectateurs, mais les raisons qui ont rendu ce challenge difficile sont faciles à comprendre. Pour moi, c’est surtout l’avis des athlètes qui compte. J’ai passé les quatre dernières soirées sur la piste d’échauffement, avant le début de la session. J’ai discuté avec les équipes médicales, les entraîneurs, les athlètes. Personne ne parle de ça. Au risque d’être un peu dur, je dirais que les athlètes qui se concentrent sur ces problèmes ne sont pas ceux qui repartent avec des médailles. »
L’affaire Salazar ? Sebastian Coe reconnaît avoir une connaissance imparfaite du sujet, mais il en nuance l’impact. « Cela ne fait pas dérailler le championnat. C’est peut-être un problème pour les médias, mais sans doute pas pour la plupart des gens qui regardent ces championnats. Cela a un impact sur les athlètes (du groupe Salazar), mais l’Unité d’intégrité de l’athlétisme a été en contact avec eux. Un entraîneur banni doit rompre ses relations avec ses athlètes. Les entraîneurs et les athlètes doivent s’interroger tout le temps. Si vous êtes coaché par quelqu’un, vous devez être absolument convaincu que vous travaillez dans un environnement sûr qui ne risque pas de nuire à votre réputation. Un athlète devrait se poser ces questions. »
A quatre jours de la fin des Mondiaux à Doha, Sebastian Coe a fait ses comptes : pas moins de 28 pays ont déjà placé au moins un athlète sur le podium. « Je n’ai pas le souvenir d’avoir assisté dans un passé récent à des championnats du monde d’un tel niveau », plaide-t-il.
Le Britannique se projette déjà sur l’avenir. Et promet un athlétisme plus universel que jamais. « Les Mondiaux ne peuvent pas éternellement revenir aux huit ou neuf mêmes endroits où nous sommes allés dans le passé », prévient-il. Sebastian Coe étale ses cartes. A ses yeux, l’événement pourrait poser un jour son décor en Ethiopie, au Kenya ou en Jamaïque.