L’information peut sembler fantaisiste. Elle ne l’est pas. Dans son édition du 17 septembre, La Provence l’écrit en toutes lettres: « Marseille veut surfer sur la vague des JO ». Rien de moins. Une enquête de deux pages dans laquelle le quotidien régional, désormais propriété de Bernard Tapie, détaille les projets de la ville pour une candidature Olympique, seule ou accolée à Paris ou Lyon.
Une fois n’est pas coutume, tout est parti du monde économique. En 2006, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Marseille réalise une enquête, restée longtemps confidentielle, sur la faisabilité d’une candidature aux Jeux d’été et, surtout, sur l’impact de l’événement olympique. Il en ressort deux conclusions: primo, la cité phocéenne manque de tout pour envisager de monter un dossier, à commencer par des installations sportives; deuzio, participer aux Jeux, d’une manière ou d’une autre, constituerait un formidable accélérateur de projets et aurait « un impact considérable sur l’économie marseillaise. »
L’enquête de la CCI a dormi pendant plusieurs années dans un tiroir. Mais l’un de ses initiateurs, Jacques Pfister, a jugé que le moment était venu de la ressortir. En sept ans, la situation a finalement peu changé. Marseille est toujours aussi peu outillée pour prétendre à organiser la quinzaine des Jeux. Les investissements, pour un projet de cette envergure, attendraient au moins 15 milliards d’euros. Mais sa position de « Capitale européenne de la culture » pour l’année 2013 donne à la ville des envies de grandeur et l’ambition de se montrer un peu plus à l’international.
En clair, y aller seul relève de la pure folie. Mais prendre position dans un projet national peut s’avérer judicieux. Jacques Pfister, le président de la CCI, l’a annoncé à La Provence: « Nous allons proposer de porter une candidature de Marseille, en complément de celle de Paris ou de Lyon, pour toutes les épreuves nautiques des Jeux de 2024. » Un projet qui devra être précédé, dit-on sur la Canebière, par un programme de compétitions internationales, notamment en voile olympique.
Richard Miron, l’adjoint aux sports de Marseille, va plus loin. La voile, bien sûr, plaide-t-il. Un choix presque naturel, la ville ayant déjà fait acte de candidature dans le dossier de Paris 2012, avant d’être devancée par La Rochelle. Mais pourquoi pas la natation? La ville va investir 30 millions d’euros dans la construction d’un complexe nautique à Luminy. Dans les 4 ou 5 ans à venir, elle y fera installer deux bassins aux normes olympiques, l’un pour la compétition, l’autre pour l’échauffement. « Et il ne faut pas oublier la grande salle de l’Arena qui doit être construite à Marseille », rappelle Richard Miron.
Fantasme? La suite répondra. Mais Denis Masseglia, le président du CNOSF, lui-même marseillais, tempère et calme les ardeurs provençales: « Il n’y a pas le début du commencement d’une idée de candidature française aux Jeux de 2024. On a besoin de prendre le temps d’une réflexion globale. Si on dit la moindre chose, ce sera forcément interprété… » Pas faux.