Un nouveau partenaire, EDF, inscrit tout en haut du programme national de marketing. Une première liste de 500 communes labellisées « Terre de Jeux », présentée mercredi 20 novembre. Un contingent de 27 départements, eux aussi pourvus du même label, annoncé ce jeudi. La semaine s’annonçait réjouissante pour Paris 2024. Elle prend pourtant une étrange tournure.
En cause, le CIO. Lundi 18 novembre, l’organisation olympique a annoncé l’arrivée au sein de son joyau, le programme mondial de marketing TOP, d’un nouveau partenaire. L’Américain Airbnb rejoint l’élite des sponsors du mouvement. Selon plusieurs sources, sa présence s’accompagnerait d’un chèque de 500 millions de dollars. Une belle affaire.
Seul ennui, mais de taille : Paris n’en veut pas. Anne Hidalgo, la maire de la capitale, crie au scandale. Elle n’est pas la seule. Les hôteliers français se font aussi entendre. Prévisible. Mercredi 20 novembre, ils ont annoncé « suspendre leur participation » à l’organisation des Jeux de Paris 2024.
Laurent Duc, le président de la branche hôtellerie de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), l’a expliqué à l‘AFP : « Les hôteliers vont suspendre leur participation à l’organisation des JO 2024. Déjà, la plateforme (Airbnb) rechigne à transmettre la taxe de séjour avec des adresses claires et des contribuables identifiés, comme la loi l’y oblige à compter du 1er janvier. »
Mauvais timing : l’annonce du partenariat entre le CIO et Airbnb est intervenue en plein congrès annuel de l’Umih, cette semaine à Biarritz. Les hôteliers ont ainsi pu exprimer sans tarder une position collective. Ils ont dénoncé un accord « totalement irrespectueux envers les professionnels de l’hôtellerie. »
Pour Roland Héguy, le président de l’Umih, il est « outrageux de faire de cette entreprise qui joue de la déréglementation dans tous les pays du monde un partenaire mondial du CIO. » Un autre syndicat de l’hôtellerie, le GNI, appelle à « disqualifier » la plateforme californienne. Il annonce son intention de saisir le COJO Paris 2024 et même, allez, le comité d’éthique du CIO.
Dans les faits, la position des hôteliers ne changera pas le cours de l’histoire. Pas encore. Les professionnels du secteur se contenteront dans l’immédiat de ne plus siéger aux réunions préparatoires, dans l’attente d’une clarification. Mais elle devrait sérieusement perturber le travail du COJO Paris 2024 pour composer son parc hôtelier.
L’équipe parisienne a débuté cette année les discussions avec l’Umih. Objectif : sécuriser un maximum de chambres d’hôtel pour les délégations, les partenaires, les officiels et les médias. Selon Tony Estanguet, 618 hôtels ont déjà été retenus, dans Paris et huit métropoles régionales.
En annonçant leur décision de suspendre leur participation à la préparation des Jeux de Paris 2024, les hôteliers français ne menacent pas seulement le planning du COJO. Ils pourraient aussi ralentir le délicat travail de recherche de partenaires.
Selon certaines sources, Paris 2024 devrait en effet annoncer dans les prochaines semaines la signature d’un troisième accord de partenariat avec un sponsor premium. Il s’agirait du groupe hôtelier Accor. Dans un tel contexte, son annonce arriverait au plus mauvais moment.
La suite s’annonce musclée. Anne Hidalgo ne fera certainement pas marche arrière. Son premier adjoint, Emmanuel Grégoire, a expliqué en début de semaine l’intention de la maire de Paris d’organiser au cours de l’été prochain, en cas de réélection au mois de mars 2020, un référendum sur la présence d’Airbnb dans la capitale.
Face à une telle opposition, le CIO risque de manquer de marge manœuvre. Certes, la loi olympique permet de garantir aux marques du programme mondial TOP une présence publicitaire sur les sites de compétition. A Paris comme ailleurs. Mais elle n’a pas le pouvoir de modifier la réglementation d’une ville en termes de logements, touristiques ou résidentiels.
En clair, le CIO ne peut pas garantir à Airbnb, même en échange d’un pactole de 500 millions de dollars, que les villes hôtes des Jeux lui dérouleront le tapis rouge. Airbnb le sait. La plateforme américaine a déjà entamé un travail de lobbying au Japon, avec l’ambition d’obtenir des exceptions pour les Jeux de Tokyo 2020 à un loi limitant son activité. Elle devra s’y coller également à Paris. Bon courage.