Grand jour au Japon. Le stade national de Tokyo, destiné à accueillir les cérémonies et les épreuves d’athlétisme des Jeux de 2020, a été officiellement déclaré terminé. Les clefs de l’édifice le plus coûteux, et le plus controversé, du prochain événement olympique ont été remises à leur propriétaire, le Japan Sport Council.
La construction du stade olympique a été bouclée au début du mois de novembre 2019. Mais l’histoire retiendra que sa livraison a été officialisée samedi 30 novembre, à très précisément 237 jours de l’ouverture des Jeux olympiques de Tokyo 2020, et 269 jours des trois coups de l’édition paralympique.
Le nouveau joyau du dispositif des prochains Jeux d’été sera inauguré en grande pompe samedi 21 décembre. Il recevra sa première compétition officielle le 1er janvier 2020, avec la finale de la Coupe de l’Empereur de football.
Réaction de Toshiro Muto, le directeur général de Tokyo 2020 : « Nous sommes très heureux que la construction du stade – un symbole clé des Jeux de Tokyo 2020 – soit maintenant achevée. Cela nous fait réaliser à quel point nous sommes proches du début des Jeux. » Les Japonais peuvent dormir tranquille : les sites ne connaîtront aucun retard. Ils seront prêts plusieurs mois avant l’ouverture des Jeux.
Réduit à une poignée de chiffres, le stade olympique présente une copie parfaite. Ses tribunes peuvent accueillir 60.000 spectateurs. L’édifice affiche une hauteur de 47,4 mètres. Il est formé de 5 étages en surface et 2 autres en sous-sol. Sa construction a nécessité l’envoi depuis tout le pays de près 2.000 mètres cubes de bois de cèdre. En prévision des fortes chaleurs annoncées pendant les Jeux, 185 ventilateurs géants et 8 brumisateurs ont été intégrés à la structure.
Attentifs à tous les détails, les responsables de la conception du stade ont prévu l’installation d’un nombre astronomique de spots wifi. Ils pourront permettre à 30.000 spectateurs de se connecter en même temps sans risquer l’implosion du réseau. Le stade olympique de Tokyo a coûté 157 milliards de yens, soit 1,3 milliard d’euros.
Sa signature est japonaise, à tous les stades du projet. Il a été conçu par le cabinet de l’architecte Kengo Kuma, puis construit par le groupe de BTP Taisei Corp. Quant à son design, il a été confié à une autre société japonaise, Azusa Sekkei Co.
Depuis samedi 30 novembre, les Japonais se congratulent. Le stade est prêt. Il en impose. Il s’annonce historique. Mais rien n’a été simple dans la longue histoire de cet édifice olympique.
L’origine du projet remonte à l’année 2011, deux ans avant l’attribution à Tokyo des Jeux d’été en 2020. Dans sa première version, le stade national devait être utilisé pour le Mondial de rugby en 2019. Il devait compter 80.000 places. Sa conception avait été confiée à l’architecte britannique Zaha Hadid, aujourd’hui décédée. Les travaux devait débuter en 2015.
Seul ennui, mais de taille : les coûts. Le projet présenté par Zaha Hadid n’a pas cessé de faire voler en éclats toutes les prévisions budgétaires, pourtant souvent surévaluées au Japon. Il a grimpé jusqu’à 252 milliards de yens, soit plus de 2 milliards d’euros. En juillet 2015, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a sifflé l’arrêt de la partie.
Un nouvel appel d’offres a été lancé. Il a été remporté par une association de trois entités japonaises. Les travaux de construction ont débuté en décembre 2016, 14 mois après la date initiale. Trop tard pour intégrer le stade national dans le dispositif du Mondial de rugby 2019 au Japon.
Les Japonais n’ont pas oublié. Mais ils retiennent aujourd’hui l’essentiel: un stade affichant un subtil alliage de modernisme et de respect du passé, connecté et durable, aux dimensions limitées mais suffisantes. Une histoire tourmentée, certes, mais un résultat parfaitement dans l’air du temps.