Dernière ligne droite pour les Jeux d’hiver de la Jeunesse 2020 à Lausanne. Ouvert jeudi 9 janvier, l’événement baissera le rideau mercredi 22 janvier. Dans l’intervalle, il aura marqué l’histoire par une participation record : 1872 athlètes, soit 40% de plus que lors de l’édition précédente à Lillehammer.
Par son approche inédite, peu coûteuse et durable, l’événement pourrait bien constituer un tournant pour le mouvement olympique. Ian Logan, le directeur général du comité d’organisation, en a expliqué à FrancsJeux la vision et les promesses.
FrancsJeux : Les Jeux de la Jeunesse 2020 à Lausanne répondent-ils à vos attentes en termes de diffusion et d’affluence sur les sites ?
Ian Logan : Nous n’avons pas encore les chiffres d’audience à la télévision, mais nous savons que 190 pays dans le monde diffusent les grands moments des Jeux. La cérémonie d’ouverture, jeudi 9 janvier, a réalisé l’excellent score de 25% de parts de marché sur la RTS, la télévision suisse romande. Au soir du samedi 18 janvier, nous avions recensé 240.000 spectateurs sur les sites de compétition depuis le début des Jeux, dont 80.000 élèves des écoles du canton. A cela, il faut ajouter 160.000 personnes au festival « Lausanne en Jeux », organisé au cœur de la ville, où sont proposés des initiations sportives, des activités et des événements culturels. Aux Tuffes, la station française qui accueille les épreuves de saut, biathlon et combiné nordique, le succès est phénoménal, avec 17.000 spectateurs en quatre jours pour le biathlon. Le patinage artistique affiche sold-out. Même chose pour les matchs de hockey-sur-glace. Nous n’avions pas fixé d’objectif pour le nombre de spectateurs, mais les chiffres sont plus hauts que nous l’avions imaginé.
Vous avez choisi d’innover en accueillant en deux vagues successives les compétiteurs au village des athlètes. Etait-ce une bonne idée ?
Cette initiative a constitué pour nous un véritable défi opérationnel. L’idée était de pouvoir accueillir plus d’athlètes avec un nombre égal de lits. C’était très contraignant. La transition d’une vague à l’autre s’est faite sur trois jours. Elle vient de se terminer. Il n’y a pas eu de problème. Et les échos sont très positifs, notamment de la part des athlètes. Beaucoup se sont déclarés très heureux du déroulé de leur séjour : entraînement, compétition, possibilité de vivre les Jeux de l’intérieur, puis un départ sans avoir à attendre la fin. Autre effet positif : le programme des épreuves a pu se renouveler d’une semaine à l’autre, avec des sports et des sites nouveaux à montrer à la télévision.
Les Jeux de la Jeunesse 2020 à Lausanne sont aussi les premiers organisés sur deux pays frontaliers, la Suisse et la France. Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
L’idée d’aller en France pour le biathlon, le saut et le combiné nordique répondait à une recommandation de la Nouvelle norme du CIO : ne pas construire pour rien, mais plutôt aller où existent déjà les équipements sportifs. En termes d’organisation et de douanes, par exemple, il s’agissait d’un défi. Mais les deux équipes, suisse et française, ont travaillé ensemble depuis le début, avec des réunions régulières. A l’arrivée, les deux pays sont gagnants. Avec les JOJ, la station française de Prémanon a obtenu un financement pour moderniser son tremplin de saut. Il restera à la pointe pendant une bonne vingtaine d’années. Dans le même temps, il est acquis que les équipes suisses pourront venir s’entraîner gratuitement aux Tuffes jusqu’en 2040.
Avec leurs coûts réduits et une approche nouvelle – les athlètes ont emprunté les transports publics – les JOJ de Lausanne 2020 ont-ils ouvert une nouvelle voie pour le mouvement olympique ?
Une nouvelle voie, c’est certain. Les équipes de Paris 2024 et Milan/Cortina 2026 ont beaucoup observé ce que nous proposons, elles en ont retenu certaines idées. Mais il faut tenir compte du contexte d’un événement. Tout n’est pas forcément reproductible, les solutions que nous avons adoptées ne peuvent pas s’appliquer partout. Nous avons ouvert une voie, mais elle ne constitue pas pour autant un modèle. Et puis, nous avons affaire à des jeunes athlètes, une génération des 15/18 ans très concernée par les questions climatiques et la durabilité. L’idée d’emprunter les transports publics, de prendre un train puis un bus pour se rendre sur les sites, correspond assez bien à leur vision de la société et de son avenir.
Les JOJ de Lausanne 2020 peuvent-ils réconcilier la Suisse avec l’idée d’organiser un jour les Jeux olympiques, après une longue période marquée par le non aux candidatures lors des référendums successifs ?
Attendons avant de répondre de façon catégorique. Les Suisses aiment prendre leur temps. Mais il est certain que depuis l’arrivée de la flamme olympique, le 17 septembre, l’image des Jeux a changé. La Suisse s’enflamme à nouveau. L’engouement est assez spectaculaire : les gens ont le sourire, la magie des Jeux opère à fond. La Suisse est en train de comprendre tout ce que les JO peuvent apporter, en termes de diversité, d’éducation, de mélange des cultures. Il ne faut pas aller trop vite, mais nous sommes sur le bon chemin.