L’événement s’annonce historique. A l’automne 2022 (22 octobre au 9 novembre), le Sénégal accueillera les Jeux d’été de la Jeunesse. Pour la première fois, les anneaux olympiques se poseront sur le continent africain. Il était temps.
A deux ans et huit mois de l’échéance, le Sénégal s’active sans excès de précipitation. Le programme des sports a été validé par le CIO. Le plan marketing s’affine. Un comité d’organisation a été constitué. Son coordonnateur, Ibrahima Wade, a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Où en est la préparation des Jeux de la Jeunesse 2022 à Dakar ?
Ibrahima Wade : Un très gros travail a déjà été accompli. A ce stade de la préparation, nous sommes dans les temps. Pendant la phase de candidature, nous avions fait le choix de proposer des infrastructures sportives déjà existantes. Nous nous tenons à ce choix. A Dakar, aucune nouvelle construction n’est prévue pour accueillir les Jeux de la Jeunesse. Nous préférons réhabiliter. Sur l’autre cluster, la nouvelle ville de Dimniadio, les nouveaux équipements ont été réalisés par le gouvernement sénégalais dans le cadre d’une orientation de politique en faveur du développement du sport. Enfin, le troisième pôle de sites, dans la station de Saly où seront disputés les sports d’eau, sera doté d’équipements seulement temporaires.
Comment est constitué aujourd’hui le comité d’organisation ?
Dans un premier temps, nous avons fonctionné avec des groupes de travail. Pas moins de 110 personnes, issues des agences nationales ou de la société civile sénégalaises, nous ont ainsi accompagnés, en apportant leurs idées, leurs compétence et leur savoir-faire. Nous avons capitalisé là-dessus. Je crois d’ailleurs que le CIO a été séduit par notre approche originale, au point de nous confier réfléchir à l’idée de généraliser un tel fonctionnement dans tous les comités d’organisation. Aujourd’hui, notre équipe de permanents grossit petit à petit, mais nous privilégions l’option d’une maîtrise d’ouvrages déléguée. L’écosystème sénégalais nous permet de fonctionner ainsi. Notre comité d’organisation compte actuellement moins d’une quarantaine de personnes. Les effectifs vont augmenter, mais en restant dans une dimension modeste.
A deux ans et huit mois des Jeux, avez-vous déjà attiré des sponsors ?
Le président du comité d’organisation, Mamadou NDiaye, a lancé une campagne de contacts. Et nous avons finalisé avec le CIO le plan marketing. Nous allons maintenant solliciter tous nos prospects en leur proposant notre offre marketing. Nous en avons en France, aux Etats-Unis, en Asie, aux Emirats arabes unis, au Sénégal, et dans le reste de l’Afrique.
Combien attendez-vous de partenaires ?
Le plus grand nombre possible.
Les équipes du CIO vont-elles vous accompagner dans la préparation des Jeux ?
Nous avons travaillé avec le CIO, pendant près de 6 mois, pour articuler les sports, les sites et le programme. Nous sommes passés de 28 à 35 sports, mais sans augmenter exagérément les coûts. C’était un défi. Nous l’avons réussi, grâce à un dialogue avec le CIO, certes tendu, mais aussi très franc.
Qu’attendez-vous de ces Jeux de la Jeunesse ?
En nous les confiant, le CIO a clairement montré que l’Afrique méritait d’intégrer la communauté olympique avec un pays-hôte. Les anneaux olympiques sont au nombre de cinq. Il est normal que le cinquième continent, l’Afrique, puisse les recevoir. Nous attendons de ces Jeux qu’ils démontrent la capacité du Sénégal, et à travers lui de l’Afrique, à organiser des événements à la dimension olympique.
Peuvent-ils changer en profondeur la société sénégalaise ?
Nous en faisons un objectif. Les Jeux peuvent réveiller des valeurs dans la jeunesse sénégalaise. Ils peuvent aussi lui faire découvrir des nouveaux sports, pas seulement les 5 ou 10 dont elle a l’habitude. Nous espérons aussi pouvoir responsabiliser la jeunesse sénégalaise, lui faire comprendre que ces Jeux sont organisés par eux et pour eux.
Qu’avez-vous retenu de votre visite d’observation aux Jeux de la Jeunesse d’hiver 2020 à Lausanne ?
L’expérience a été très pratique et enrichissante. Nous allons dupliquer le système des deux vagues d’athlètes au village. A Dakar, nous aurons 4676 compétiteurs. Il a été décidé à la dernière session du CIO, au mois de janvier à Lausanne, que nous les ferons venir à Dakar par deux vagues successives d’un nombre maximum de 2650 athlètes.
Il a été souvent dit que ces Jeux de la Jeunesse au Sénégal seraient aussi ceux de l’Afrique. Comment vous y prenez-vous pour impliquer l’ensemble du continent africain dans la préparation et l’organisation ?
Nous avons décidé d’ouvrir le comité d’organisation à des représentants des comités nationaux olympiques africains. Nous procéderons de la même façon pour le programme des bénévoles. Enfin, nous étudions la possibilité d’organiser dans les autres pays candidats, la Tunisie, le Botswana et le Nigéria, des épreuves tests afin de les intégrer au processus de préparation. A ce stade, rien n’est acquis, l’idée en est seulement à l’étude, mais nous y pensons.