Sale temps pour les fédérations sportives internationales. Les annulations en cascade de tous les événements du calendrier, au printemps et maintenant également en été, vident leurs caisses avec la violence d’un siphon. A plus long terme, le report des Jeux de Tokyo leur prépare des lendemains encore plus délicats.
Exemple : l’UCI. A l’initiative de son président, le Français David Lappartient, l’institution internationale du cyclisme a convoqué la semaine passée, jeudi 2 avril, une réunion extraordinaire de son comité directeur. A l’ordre du jour, la crise sanitaire mondiale et ses répercussions sur l’économie de la discipline.
David Lappartient en dresse le constat : « Notre fédération internationale traverse une crise sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. L’inactivité frappe de plein fouet les athlètes, les équipes, les organisateurs, les partenaires et la grande majorité des personnes et organisations qui contribuent à faire vivre notre sport, dans toutes ses disciplines. L’UCI, l’instance dirigeante du cyclisme, n’est pas épargnée, loin de là. »
L’UCI a fait ses comptes. Ils font froid dans le dos. A ce jour, elle a enregistré plus de 650 demandes de reports ou d’annulations d’épreuves, soit 30 % du calendrier international, jusqu’au mois d’août 2020. La course sur route et le VTT sont les disciplines les plus touchées.
Le Giro d’Italia, le Tour des Flandres et Paris- Roubaix ont été touchés. Les championnats du monde de VTT cross-country prévus à Albstadt, en Allemagne, ont été reportés. Plusieurs manches de la Coupe du Monde de VTT devront être reprogrammées, alors que d’autres ont dû être annulées à la demande de leurs organisateurs.
Les prochains championnats du monde sur route, prévus du 20 au 27 septembre 2020 à Aigle-Martigny, en Suisse, restent inscrits au calendrier. Selon l’UCI, ils « semblent à l’abri des conséquences du Covid-19 au vu de leurs dates. » Possible. Pas certain.
« Il est clair que les reports et annulations entraîneront malheureusement une réduction importante des revenus de l’UCI », reconnaît l’instance basée à Aigle, en Suisse, dans un communiqué.
Les frais d’inscription payés à l’UCI par les organisateurs des compétitions, dont les différents championnats du monde, constitueront en effet un sérieux manque à gagner. Ils représentaient environ 45% des revenus de l’institution internationale pour la période 2015-2018.
L’UCI l’annonce dans un communiqué : elle rétrocédera aux organisateurs d’épreuves annulées – et comprises dans la période durant laquelle la tenue d’événements n’est pas possible – l’intégralité des taxes d’inscription au calendrier. « Cette initiative ne manquera pas d’avoir des conséquences sur les résultats de l’UCI », précise la fédération internationale.
Le report des Jeux de Tokyo ? Lui aussi pourrait coûter cher au cyclisme mondial. « Il est nécessaire d’anticiper à la fois un possible report à 2021 du versement des revenus olympiques, initialement attendus au second semestre 2020, et une probable réduction de la somme versée aux fédérations internationales », prévient David Lappartient.
Le CIO doit redistribuer 540 millions de dollars aux 28 fédérations olympiques d’été (hors sports additionnels) au titre des revenus des droits de télévision et du marketing. L’UCI a perçu un peu moins de 26 millions de dollars pour l’olympiade précédente.
Depuis la décision du report des Jeux de Tokyo, le CIO a été interrogé par plusieurs fédérations internationales sur la possibilité de versement d’une avance sur les subventions olympiques. A ce jour, il n’a pas encore donné sa réponse.
Comment résister ? En serrant les boulons. Jeudi 2 avril, le comité directeur de l’UCI a adopté un plan d’économies censé aider l’organisation à résister au gros temps. Il prévoit notamment des réductions de salaires et traitements de certains de ses « leaders » (leur identité et le niveau de la réduction ne sont pas mentionnés), mais aussi la mise en congé partiel ou total des 130 employés de l’UCI.
En parallèle, le recrutement sera gelé pour une période indéterminée, les projets envisagés pour 2020 et les années suivantes seront tous révisés. L’UCI annonce également un « redimensionnement des projets de solidarité pour les fédérations nationales ». Enfin, elle prévoit de renégocier les contrats des fournisseurs de services pour les événements, mais aussi ceux des consultants et des fournisseurs généraux. L’austérité. En attendant la récession.