Il se passe des choses étranges au Brésil. A six mois du Mondial 2014 de football, le ministre des Sports, Aldo Rebelo, a annoncé qu’il allait démissionner en décembre, pour briguer le poste de gouverneur de l’Etat de Sao Paulo. « Je vais quitter le ministère. Je pense que ce sera début décembre, quand sera achevé le cycle de la remise des stades », a tout bonnement expliqué l’intéressé à la presse brésilienne, comme s’il racontait qu »il allait faire ses courses pour la semaine.
Le ministre brésilien des Sports veut donc aller voir ailleurs. Tout juste attend-il, pour rendre les clefs de son bureau, que les 12 stades du Mondial aient été « livrés » à la FIFA, comme exigé par cette dernière à la date du 31 décembre 2013. Encore plus surprenant: Aldo Rebelo en a fait l’annonce à la presse, avant d’avoir notifié officiellement sa décision à la présidente du Brésil, Dilma Rousseff.
A un journaliste qui lui demandait si cela ne risquait pas de compliquer les derniers préparatifs, il a répondu en plaisantant : « ce serait beaucoup surestimer ma fonction et mon rôle. Au moins 19 Mondiaux ont eu lieu sans ma participation ».
Aldo Rebelo est membre du Parti communiste du Brésil – allié du Parti des travailleurs (PT) au pouvoir- qui l’a déjà désigné comme pré-candidat au poste de gouverneur de l’Etat de Sao Paulo. Conformément à la législation brésilienne, les candidats aux élections d’octobre 2014 devront avoir renoncé à toute responsabilité public au plus tard en avril 2014.
En octobre 2014, trois mois après le Mondial, les Brésiliens voteront pour élire leur président, la totalité des députés, les gouverneurs et une partie des sénateurs.
La démission du ministre des Sports ne changera pas en profondeur la préparation de la Coupe du Monde de football ni, à plus long terme, celle des Jeux de Rio en 2016. Mais elle entretient le flou qui semble régner dans le pays à six mois de l’événement sportif le plus important de son histoire. Le Brésil a été confronté en juin dernier, en pleine Coupe des Confédérations, à une fronde sociale sans précécent contre la qualité des services publics, la corruption de la classe politique et les milliards dépensés pour l’organisation du Mondial. Aldo Rebelo préfère-t-il quitter la place avant un nouveau séisme ? A suivre.