Clap de fin pour les championnats d’Europe d’athlétisme 2020 à Paris. L’événement continental, prévu du 25 au 30 août au stade Charléty, est rayé du calendrier. L’annonce était attendue. Mais la décision de son annulation pure et simple l’était nettement moins.
Les organisateurs français ont planché sur toutes les options avant de se décider à refermer définitivement le dossier. Ils ont envisagé un plan sanitaire qui aurait tenu compte des mesures à prendre pour assurer la sécurité des athlètes, officiels, bénévoles et supporteurs. Il prévoyait notamment une distanciation sociale des spectateurs, complexe à mettre en place. Son coût : environ 2 millions d’euros, sans compter la perte de recettes en billetterie.
La commission médicale de la Fédération française d’athlétisme (FFA) a été mise à contribution, au cours des dernières semaines, pour évaluer les risques pour les spectateurs et pour l’ensemble des accrédités si l’événement était maintenu. Elle a rendu en début de semaine un avis défavorable au maintien de l’événement à ses dates initiales.
L’équipe de Paris Athlé 2020 et la FFA ont également envisagé de revoir l’événement européen à la baisse, une version low cost où le nombre d’athlètes aurait été réduit, tout comme celui des spectateurs. Le lieu d’hébergement des compétiteurs, la Cité universitaire, aurait également été modifié. Jean Gracia, le président du comité d’organisation, l’explique : « Nous avons travaillé pour maintenir ces championnats et offrir aux athlètes quelque chose d’intéressant qui leur permette de s’exprimer. Nous sommes allés au bout du processus. »
Enfin, les organisateurs ont étudié la possibilité de reporter à l’an prochain les championnats d’Europe. Mais le coût d’un décalage dans le temps, avec un rendez-vous qui aurait pu se tenir à la fin du mois d’août 2021, dans la foulée des Jeux de Tokyo, s’est révélé excessif. Il a été estimé à 4 millions d’euros, pour un budget initial fixé à 17 millions d’euros. Trop cher pour une fédération française soucieuse de conserver un budget à l’équilibre, notamment dans la perspective des Jeux de Paris 2024.
La FFA s’en explique dans un communiqué, publié dans la soirée de jeudi 23 avril : « Prendre le risque d’un report de 10 à 12 mois dans des conditions aussi incertaines aurait pu entraîner des conséquences désastreuses, des conséquences évidemment contraires au devoir et à la responsabilité de l’institution. »
Les championnats d’Europe 2020 à Paris disparaissent donc du paysage, pour cette année comme pour la suivante. Avec cette annulation, prévisible depuis plusieurs jours, l’athlétisme international se dirige tout droit vers une saison blanche.
La Ligue de Diamant de World Athletics n’a toujours pas débuté et rien ne laisse penser aujourd’hui que ses meetings encore inscrits au calendrier, Londres et Monaco en juillet, Shanghai, Gateshead et Lausanne en août, puis Bruxelles et enfin Zurich en septembre, pourront avoir lieu.
Sebastian Coe, le président de World Athletics, répète sans lassitude son espoir de voir la saison connaître un minimum de compétitions, même très décalées dans l’année. Mais l’annulation des championnats d’Europe refroidit son optimisme.
La décision des organisateurs parisiens, prise jeudi 23 avril après une réunion par vidéoconférence avec les services des ministères français des Sports et de l’Intérieur, entretient également le doute sur deux autres événements sportifs majeurs prévus en France : le Tour de France et Roland-Garros.
La Grande boucle a été décalée de près de deux mois, avec un nouveau départ le 29 août. Elle est menacée par les mêmes « risques sanitaires » évoqués par les organisateurs de l’Euro 2020 d’athlétisme pour expliquer leur décision.
Le tournoi de Roland-Garros bénéficie d’un délai rallongé, ses organisateurs l’ayant repoussé à l’automne (20 septembre au 4 octobre). Mais le doute demeure. Le Britannique Andy Murray l’a suggéré jeudi 23 avril sur CNN : « Je jouerai sans aucun doute sur la terre battue, si la tournée a lieu. Mais je suis sceptique sur le fait que ce soit possible. »