Les sportifs de haut niveau s’aventurent rarement sur le terrain politique. Les institutions encore moins. Depuis la mort de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans tué le 25 mai dernier par la police de Minneapolis, les premiers s’invitent en masse dans la mobilisation mondiale contre le racisme. Surprise : les secondes s’y mettent à leur tour.
Le mouvement est timide. Mais il pourrait rapidement s’amplifier. A ce jour, le CIO n’a pas encore publiquement exprimé sa position sur l’affaire George Floyd. Mais le comité international paralympique (IPC) l’a fait.
L’organisation présidée par le Brésilien Andrew Parsons a utilisé les réseaux sociaux pour dénoncer le racisme. « A l’IPC, nous nous sommes engagés à œuvrer pour un monde inclusif, a-t-elle posté sur son compte Twitter. Un monde avec une discrimination zéro. Un monde où nous sommes tous unis et où les droits de tous les peuples sont respectés et non violés. Les actes de racisme ne peuvent pas continuer. Le changement doit avoir lieu. »
Plus surprenant : la FIFA a pris elle aussi position. Elle a abandonné sa réserve habituelle sur les sujets de société pour appeler le monde du football à ne pas appliquer de sanctions envers les joueurs qui ont manifesté, où souhaiteraient le faire, leur solidarité avec George Floyd.
En Allemagne, le dernier weekend a été marqué par plusieurs gestes de joueurs de Bundesliga exprimant leur soutien à l’Américain tué par la police. Le Français
Le lendemain, lundi 1er juin, la Fédération allemande de football (DFB) a précisé que Jadon Sancho n’avait pas été averti pour avoir manifesté contre la mort de l’Américain George Floyd, mais parce qu’il avait retiré son maillot pendant le match.
Par ailleurs, la DFB a annoncé qu’elle envisageait de sanctionner les joueurs coupables d’enfreindre un article du règlement de la Bundesliga interdisant « tout slogan, déclaration ou image politique, religieux ou personnel » sur les tenues.
Mais le président de la fédération allemande, Fritz Keller, a nuancé la menace. « Il n’est pas supportable que des individus soient victimes de discrimination en raison de leur couleur de peau, a-t-il expliqué dans un communiqué. S’ils meurent à cause de leur couleur de peau, alors je suis profondément bouleversé. Les victimes du racisme ont besoin de nous tous et nous devons faire preuve de solidarité. »
Selon les textes, il revient à l’International Football Association Board (IFAB) le privilège de rédiger les règlements du jeu et de son éthique. En 2014, un amendement suggéré par l’Angleterre avait conduit à interdire aux joueurs d’afficher des « déclarations personnelles » sur leurs tenues.
Il n’empêche, la FIFA a bousculé ses habitudes de neutralité, lundi 1er janvier, en appelant les fédérations nationales à faire preuve de « bon sens » dans l’application des règlements.
« La FIFA comprend parfaitement la profondeur des sentiments et des préoccupations exprimés par de nombreux footballeurs à la lumière des circonstances tragiques de l’affaire George Floyd, écrit l’instance internationale dans un communiqué. L’application des lois du jeu approuvées par l’IFAB est laissée aux organisateurs des compétitions, qui doivent faire preuve de bon sens et prendre en considération le contexte entourant les événements. »
Au cours des derniers jours, les athlètes ont été nombreux, dans tous les sports et sur tous les continents, à se ranger dans le camp des militants contre le racisme. LeBron James, Michael Jordan, Lewis Hamilton, Tiger Woods, notamment, ont rejoint le mouvement.
Les instances sportives internationales restent pour l’instant, dans leur grande majorité, en retrait de la mobilisation. Jusqu’à quand ?