Le feuilleton Francis Kean continue d’empoisonner la vie, et la réputation, de World Rugby. Après avoir été forcé de renoncer en avril dernier à sa candidature au comité exécutif de l’instance internationale, le président de la Fédération fidjienne de rugby est aujourd’hui montré du doigt par l’un de ses anciens sélectionneurs. Le Néo-Zélandais John McKee, placé à la tête de l’équipe nationale entre 2014 et 2019, a révélé sur les ondes de la radio australienne ABC les méthodes pour le moins contestables de Francis Kean. « Il mettait la pression sur certains joueurs des sélections, dont les moins de 20 ans, pour qu’ils viennent travailler pour les prisons. Il voulait que les différentes équipes des Wardens (les gardiens de prison) soient performantes. Pour cela, il faisait venir les meilleurs joueurs de rugby du pays. Plusieurs d’entre eux, en moins de 18 ans, ont reçu une lettre d’engagement du service pénitentiaire alors qu’ils n’avaient pas postulé. Mais ceux qui ont refusé ont ensuite été ostracisés. Ils ont été sortis des programmes de formation et de l’équipe des moins de 20 ans ». Accusé d’homophobie et de violence par deux rapports d’Amnesty International, Francis Kean comptait parmi les soutiens de l’Anglais Bill Beaumont lors des dernières élections à la présidence de World Rugby. Il était lui-même soutenu par la Fédération française de rugby (FFR) et par son président, Bernard Laporte, pour siéger au comité exécutif. Contraint de renoncer à sa candidature après les révélations du Guardian sur les rapports d’Amnesty International, le président fidjien est l’objet d’une enquête de World Rugby. A ce jour, elle n’a abouti à aucune sanction.
— Publié le 4 juin 2020