Le tennis professionnel vit des temps agités et incertains. Mais, surprise, il ne le doit pas à la pandémie de COVID-19, à ses effets économiques et à la cure d’amaigrissement infligée par la crise sanitaire au calendrier international.
La secousse est corporatiste. Au cours du dernier weekend, Nova Djokovic a fissuré sans prendre de gants l’apparente solidarité des meilleures raquettes mondiale. Sourd aux appels à l’unité de ses deux compères du « Big Three », Rafael Nadal et Roger Federer, le Serbe a annoncé la création d’une nouvelle association de joueurs. Son nom : PTPA. Littéralement, Association des joueurs de tennis professionnels.
« Après la réunion fructueuse d’aujourd’hui, nous sommes ravis d’annoncer la création de l’Association des joueurs de tennis professionnels (PTPA) », a annoncé le numéro 1 mondial sur son compte Instagram. En illustration de son propos, l’image de quelques dizaines de joueurs, tous présumés membres de la nouvelle organisation, réunis sur le court Arthur-Ashe de Flushing Meadows, où débute ce lundi 31 août l’US Open.
Sur la photo en question, les alliés de Novak Djokovic dans cette nouvelle entreprise portent tous un masque et respectent la distanciation sociale. On peut notamment reconnaître l’autre meneur du mouvement, le Canadien Vasek Pospisil, mais aussi John Isner, Ivo Karlovic, Rohan Bopanna, Matteo Berrettini, Diego Schwartzman, Cristian Garin, Sumit Nagal et Lloyd Harris.
En soi, la création d’une association de joueurs ne semble pas de nature à modifier le cours du temps. L’initiative se révèle assez tendance, notamment dans le mouvement olympique. L’athlétisme vient de s’y mettre, entraînée dans le mouvement par le triple-sauteur américain Christian Taylor.
Sur le papier, la nouvelle PTPA respecte les codes du genre. Elle sera co-présidée par Novak Djokovic et Vasek Pospisil, deux transfuges du conseil des joueurs de l’ATP, dont ils ont démissionné la semaine passée. Les deux hommes assureront un premier mandat de deux ans. A court terme, ils seront accompagnés par un conseil formé de neuf personnes.
Parmi les dossiers placés en tête de pile de la nouvelle organisation, l’inévitable question de la répartition des revenus du circuit professionnel, mais aussi le code disciplinaire, les voyages, les assurances et l’accueil sur les tournois. Rien de très nouveau.
Pourtant, l’annonce de la création de la PTPA est critiquée de toutes parts dans le milieu du tennis professionnel. Rafael Nadal et Roger Federer ont pris les devants, en apprenant son lancement prochaine. Dans une déclaration commune, ils ont appelé à « l’unité, pas à la séparation. »
L’ATP a montré elle aussi du doigt l’initiative de Novak Djokovic, en reprenant à peu près les mêmes mots. « Nous reconnaissons les difficultés auxquelles font face nos membres dans les circonstances actuelles, mais nous pensons fermement qu’il est temps de faire preuve d’unité, plutôt que de divisions internes », a-t-elle suggéré.
Toujours très pragmatique, Andy Murray a exprimé lui aussi son point de vue. Le Britannique a relevé un point oublié, ou ignoré, par ses pairs : la parité. « Je ne suis pas totalement contre un syndicat de joueurs, mais je pense qu’il faut laisser un peu de temps à la direction actuelle pour mettre en œuvre sa vision, a expliqué le double vainqueur de Wimbledon. Je pense aussi que le message serait beaucoup plus puissant si les joueuses professionnelles étaient également de la partie. »
Face aux critiques, Novak Djokovic n’est pas resté sans réaction. « Je comprends que certains aient des opinions différentes et qu’ils ne pensent pas que le moment soit venu, a insisté le Serbe. Moi, je pense que le moment est venu. Légalement, nous avons tout à fait le droit de former l’association des joueurs. Ce n’est pas un syndicat. Nous n’appelons pas au boycottage. Nous ne créons pas un circuit parallèle. » Pas un syndicat, vraiment ?