Le mouvement olympique devra un jour élever une statue à la gloire de John Coates. A 70 ans, le dirigeant australien reste un indéfectible optimiste. Face à lui, la route vers les Jeux de Tokyo semble plus tortueuse et incertaine que jamais. Mais il le répète sans l’once d’un doute : l’événement olympique se tiendra bien l’an prochain dans la capitale japonaise. « Avec ou sans coronavirus », il débutera le 23 juillet 2021.
Interrogé par l’AFP, John Coates l’a suggéré sans un bémol, droit dans ses bottes et sûr de son propos : « Les Jeux de Tokyo seront ceux qui auront vaincu le COVID, la lumière au bout du tunnel. Ils seront aussi les Jeux de la reconstruction après les ravages causés par le tsunami. »
Avant lui, Thomas Bach a tenu un temps à peu près le même discours. Le président du CIO a longtemps assuré, une main sur le cœur, que la tenue des Jeux l’an prochain à Tokyo enverrait au monde entier un signe d’espoir après le cataclysme de la crise sanitaire.
Mais depuis quelques semaines, Thomas Bach garde pour lui ses paroles d’optimisme. John Coates, lui, tient bon la barre. Selon lui, le gouvernement japonais « n’a pas du tout renoncé », malgré « l’immense tâche » qu’il doit assumer pour reporter l’événement d’une année.
Seul ennui : le gouvernement en question vient de perdre son premier de cordée, Shinzo Abe, contraint à abandonner pour raisons de santé son fauteuil de Premier ministre. Son successeur n’est pas encore connu. Difficile, donc, pour John Coates comme pour les autres de mesurer avec exactitude le niveau de motivation des autorités japonaises face à l’ampleur du chantier olympique.
Et pourtant, John Coates insiste. « Avant le COVID-19, Thomas Bach avait déclaré que c’était les Jeux les mieux préparés que nous ayons jamais vus, les sites étaient presque tous terminés, a expliqué l’Australien pendant son entretien téléphonique avec l’AFP. Ils sont maintenant terminés, le village est incroyable. Tout va bien. »
Vraiment ? Au Japon, les signaux passent alternativement du rouge à l’orange, mais sans jamais se mettre au vert. L’opinion publique, régulièrement sondée par les médias nationaux, se déclare de plus en plus favorable à un nouveau report, voire à une annulation. Les entreprises, elles aussi, se disent désormais en majorité hostiles à une tenue des Jeux au cours de l’été prochain.
Mais John Coates croit au miracle. Surtout, il imagine un scénario où les Jeux de Tokyo verraient cohabiter sur les sites de compétition et au village olympique des participants, athlètes ou encadrants, venus du monde entier. « Dans certains pays, la situation sanitaire sera sous contrôle, dans d’autres non, anticipe le dirigeant australien. Nous aurons donc des athlètes venant d’endroits où elle est sous contrôle et d’autres où elle ne l’est pas. La tâche des Japonais consiste maintenant à examiner toutes les contre-mesures qui seront nécessaires pour que les Jeux aient lieu. Pas moins de 206 équipes sont engagées. Il y a donc une immense tâche qui est réalisée côté japonais. »
Immense, en effet. Et même impossible, pour une partie de la communauté scientifique. Au cours des derniers mois, les experts en épidémiologie ont été nombreux à suggérer qu’il serait illusoire d’imaginer organiser les Jeux de Tokyo si la pandémie n’est pas contenue. Quant à la possibilité d’un vaccin, elle reste très aléatoire à l’échelle planétaire avant l’été 2021.
Il n’empêche, les paroles de John Coates ont eu au moins le mérite de rassurer les marchés. Selon Blomberg, l’action du groupe japonais Dentsu, en charge d’accompagner les organisateurs dans leur programme de marketing, a augmenté de 7,1 % lundi 7 septembre. Sa plus forte hausse depuis le 16 juin dernier.