C’est fait. Sans grande surprise, le conseil d’administration du COJO Paris 2024 a donné son feu vert à une révision de la carte des sites de compétition. Réunis mercredi 30 septembre à Saint-Ouen, ses membres ont ratifié les changements annoncés depuis plusieurs semaines.
Le nouveau dispositif ressemble de moins en moins au projet initial, présenté et vanté pendant la phase de candidature. Certains le regretteront, en Seine-Saint-Denis surtout, département resigné à laisser partir l’un de ses biens les plus précieux, la natation course. Mais Tony Estanguet et son équipe l’ont expliqué sans relâche : le monde d’après impose rigueur et austérité.
Le principe, d’abord. Il se veut simple : faire autant avec moins. Tony Estanguet l’a expliqué mercredi, au terme du conseil d’administration : « Notre ambition est maintenue, elle est très forte, avec la volonté de célébrer un évènement unique, exceptionnel, mais aussi de continuer sur cet objectif de responsabilité, de sobriété, d’engagement populaire. Il nous faut réussir à garder le même nombre d’épreuves sportives, mais en les organisant dans moins de sites, car cela représente une source d’économie importante. »
Déterminé à rogner jusqu’à 10 % de son budget initial, soit 3 à 400 millions d’euros, le COJO a coupé en priorité dans les sites temporaires. Le stade aquatique de Saint-Denis, prévu pour les épreuves de natation course, a été envoyé dans les oubliettes de l’histoire. Il ne verra jamais le jour. A la place, les organisateurs ont choisi de localiser la natation course et les finales de water-polo à Paris La Défense Arena, une enceinte permanente située à Nanterre. L’opération devrait, selon plusieurs estimations, permettre de réaliser une économie de 60 millions d’euros.
Même sort pour la salle de volley-ball, elle aussi temporaire, prévue au Bourget dans le dossier de candidature. Mais, à la différence de la natation, la question de sa future localisation n’est pas encore tranchée. Seule certitude : la discipline sera logée dans une structure permanente. Parmi les options, le parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, tiendrait la corde.
La Seine-Saint-Denis perd deux sports, mais elle en gagne deux autres : le mur d’escalade sera construit au Bourget, de façon permanente, et le rugby à 7 verra le Stade de France. Sur le papier, l’équation semble équilibrée. Deux en moins, deux en plus. Mais l’escalade est seulement sport additionnel. Quant au rugby à 7, ses joueurs risquent de trouver le Stade de France et ses 80.000 places un rien surdimensionnés.
Conséquence directe : le stade Jean-Bouin, dans l’ouest de Paris, disparaît de la carte des Jeux. Il devait accueillir les deux tournois de rugby à 7.
Autre décision ratifiée mercredi matin par le conseil d’administration : le Stade Pierre-Mauroy de Lille recevra au moins un sport, mais pas le football, comme prévu initialement. L’enceinte nordiste sera utilisée en configuration aréna, donc pour un sport collectif en salle. L’élu pourrait être le handball.
Enfin, il a été décidé de réduire le nombre des sites de football, avec un passage de 8 à 7 stades ; de maintenir la colline d’Elancourt comme terre d’accueil des épreuves de VTT ; et d’optimiser le concept des Jeux paralympiques, en s’appuyant sur le concept olympique révisé. La place de la Concorde, au cœur de Paris, a également été confirmée comme « cluster » pour les sports dits urbains (basket 3×3, breakdance, skateboard).
A ce stade du processus, les mesures ratifiées par le conseil d’administration du COJO sont seulement des « options ». Elles doivent encore être soumises à la validation définitive des fédérations internationales, du CIO et de l’IPC. Mais il est difficile d’imaginer les uns et les autres s’opposer à des changements justifiés par le maître mot du mouvement olympique : la réduction des coûts.
Le CIO, notamment, semble attaché plus que tout à pouvoir enfin présenter aux médias et à l’opinion public une édition des Jeux qui soit restée dans les clous de son budget initial. En y parvenant, Paris 2024 gagnerait son respect éternel.
Quant aux fédérations internationales, elles n’ont pas vraiment perdu au change. Le rugby à 7 sera grandement logé au Stade de France. L’escalade héritera d’un site permanent en région parisienne. Le handball pourrait atteindre des records d’affluence au stade Pierre-Mauroy. La natation course aura pour elle seule la Paris Défense Arena. Reste à trouver un nouveau lieu pour les compétitions de gymnastique, prévues sur ce dernier site, mais délogée par l’arrivée des nageurs. Elle pourrait retrouver un décor familier, l’AccorHotels Arena de Bercy.