Près de vingt ans ont passé depuis le génocide au Rwanda. Le pays a pansé ses plaies. Le sport, longtemps délaissé, retrouve peu à peu sa place. Les autorités rwandaises en ont même fait un moyen et un outil de la reconstruction. Robert Bayigamba, le nouveau président de son Comité national olympique, a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Quelle est la situation du sport dans le Rwanda d’aujourd’hui?
Robert Bayigamba: Une nouvelle politique des sports, plus moderne, a été mise en place par les autorités politiques au début de l’année 2013. Elle est orientée vers le sport pour tous et vers une plus grande professionnalisation de nos structures, de nos dirigeants et de notre encadrement. Les résultats se font déjà sentir. Nous avons eu quatre équipes de volley-ball engagées cette année dans des compétitions mondiales. En 2011, notre équipe de football avait pris part pour la première fois à la Coupe du Monde des moins de 17 ans. Nous nous hissons peu à peu parmi les pays africains qui se font remarquer par leurs performances.
Quels sont les prochains défis à relever?
Nous devons professionnaliser les dirigeants sportifs, les coachs et même les journalistes. Nous pourrons ainsi nous appuyer sur des structures plus solides. Et, dans le cas de la presse, parvenir à une meilleure information sur le sport et ses résultats. Il sera alors possible d’envisager d’attirer des sponsors.
Actuellement, comment est financé le sport au Rwanda?
L’Etat reste notre premier et principal partenaire. Mais certaines grandes entreprises, dans le domaine des télécoms et des brasseries, s’impliquent désormais dans le sport.
Recevez-vous une aide du CIO?
Oui. Nous comptons parmi les Comités nationaux qui bénéficient de la Solidarité olympique. Une aide qui se monte à 2 millions de dollars pour l’ensemble de l’olympiade.
Avez-vous aujourd’hui des projets très concrets dans le domaine sportif?
Oui. Nous avons réalisé récemment un audit complet afin de construire un plan à échéance 2016. L’une de nos priorités est d’organiser des grands événements sportifs, car nous sommes conscients de leur impact sur l’économie et l’image du pays. Nous renforçons, par exemple, le Marathon de la Paix et le Tour cycliste du Rwanda. Mais nous pensons également à des recevoir des grandes conférences sur le sport. Une réunion de l’ACNOA (Association des comités olympiques africains) s’est tenue récemment à Kigali. En décembre, la Confédération africaine de volley-ball se réunira également dans notre pays.
Votre plan 2016 a-t-il établi des objectifs sportifs pour les Jeux de Rio?
Oui, mais nous restons raisonnables dans nos ambitions. Notre « Mission pour Rio » a pour vocation, dans un premier temps, d’élargir la participation du Rwanda aux Jeux. Nous avons pour cela présélectionné 150 athlètes. Nous aimerions pouvoir en amener 25 aux Jeux d’été de 2016. A Londres, l’équipe olympique du Rwanda comptait seulement 7 représentants.
Avec une ambition de médailles?
Je ne pense pas que nous serons en course pour les podiums. Nous allons essayer, dans un premier temps, d’envoyer un plus grand nombre d’athlètes, dont certains espoirs. Les médailles, nous devrions avoir plus de chances de les remporter en 2020 à Tokyo.
Quelle importance accordez-vous, dans le sport rwandais, à l’identité francophone?
La Rwanda est un pays trilingue. On y parle français, anglais et kinyarwandais. Mais nous sommes très sensibles à tout ce qui peut nous permettre d’établir des relations avec les autres pays. La francophonie en fait partie. Son éclairage nous intéresse. Certaines actions concrètes ont été décidées par les comités nationaux olympiques aux derniers Jeux de la Francophonie. Nous y participerons.