Ils sont aujourd’hui plus de 100.000 dans le monde. Plus de 100.000 athlètes, actuels ou anciens, pouvant se vanter d’avoir participé au moins une fois dans leur vie aux Jeux olympiques. Plus de 100.000 olympiens sur la planète entière. Avec, pour les représenter, les fédérer et les accompagner, une association mondiale, la WOA (World olympians association).
A sa tête, Joël Bouzou (photo ci-dessous). L’ancien spécialiste du pentathlon moderne, champion du monde en 1987, médaillé de bronze dans l’épreuve par équipes aux Jeux de Los Angeles en 1984, a été réélu la semaine passée à la présidence de la WOA. Il dirigera l’organisation internationale pour un troisième mandat de 4 ans. Il a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : En ces temps de crise sanitaire et d’incertitude sur l’avenir du mouvement sportif, quelle est l’ambiance au sein de la famille des olympiens ?
Joël Bouzou : Les olympiens sont optimistes. Les athlètes encore en activité attendent avec impatience les Jeux de Tokyo, en espérant qu’ils puissent se dérouler devant du public. Les autres, tous ceux qui ont mis un terme à leur carrière sportive mais resteront toujours des olympiens, sont plus focalisés sur la façon d’aider la société et leur communauté. La crise sanitaire ne facilite pas les choses, mais beaucoup d’entre eux parviennent encore à monter des programmes, malgré l’interdiction des rassemblements. Ils voient qu’ils peuvent contribuer à la cohésion sociale, par leur message et leur statut de « role-model ». Beaucoup d’entre eux se rendent dans les écoles pour transmettre les valeurs de l’olympisme.
Le contexte unique de la crise sanitaire mondiale a-t-il conduit la WOA à faire évoluer son action, notamment pour le soutien aux athlètes ?
Nous avons mis en place du monitoring, dans certains pays, pour venir en aide aux olympiens. Nous sommes en prise avec la société. Si elle évolue, nous modifions notre approche. Dans un passé récent, au moment de l’épidémie du virus Ebola en Afrique, la WOA a envoyé par containers de l’aide médicale et alimentaire au Libéria et en Sierra Leone. Aujourd’hui, les anciens soutiennent les plus jeunes. La situation actuelle a révélé une grande solidarité au sein du mouvement. Nous ne sommes pas les seuls à le constater. Les comités nationaux olympiques le voient. Le CIO s’en rend compte lui aussi. Il a compris que les olympiens contribuaient à transmettre ses valeurs tout au long de l’année, sur le terrain, un peu partout dans le monde.
Malgré cela, la WOA n’est pas directement représentée parmi les membres du CIO…
C’est vrai, mais il revient au CIO de décider de changer cette situation. Je trouverais cohérent que notre association soit représentée par l’un de ses membres, mais je n’ai aucune exigence. Et nous n’exerçons aucune forme de pression. Ma démarche est toujours la même : travailler, dupliquer les bonnes pratiques, augmenter nos effectifs… A partir de là, nous obtiendrons une reconnaissance plus importante. Nous faisons partie de GAISF, nous avons intégré la commission médicale de l’ACNO. Aujourd’hui, nous sommes plus respectés pour nos actions que pour nos paroles.
Il est beaucoup question depuis l’an passé d’un assouplissement de la règle 50 de la Charte olympique sur l’interdiction d’exprimer aux Jeux une opinion politique, raciale ou religieuse. Quelle est la position de la WOA dans ce débat ?
Nous avons eu des discussions sur le sujet au sein de notre Conseil. Et nous avons commencé à discuter avec la base de notre groupement. Tout n’est pas encore remonté, le processus de consultation est en cours. Mais il ressort malgré tout une tendance : les cérémonies des médailles doivent conserver leur symbolique. Elles ne doivent pas être le lieu et le moment d’exprimer une opinion. Il existe par ailleurs assez d’opportunités pour le faire, notamment dans les zones mixtes ou lors des séances d’interview. Les olympiens sont attachés au respect de la cérémonie des médailles. Sur un podium, un athlète n’est pas seul. Il ne faut pas prendre la cérémonie de l’autre en otage pour exprimer une opinion. Nous verrons si la position de la WOA évolue, dans un sens ou dans l’autre, après avoir consulté l’ensemble de nos membres.