Fin de partie pour Ahmad Ahmad. Le dirigeant malgache, élu en mars 2017 à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF), ne pourra pas solliciter l’an prochain un nouveau mandat. Il ne pourra même plus continuer à graviter dans le milieu du football. Il a été suspendu par la FIFA pour une période de cinq ans.
La décision de la commission d’éthique de la FIFA, annoncée lundi 23 novembre par un communiqué, ne surprend personne. Ahmad Ahmad était dans le collimateur de l’instance mondiale du football depuis longtemps. La perspective des élections à la présidence de la CAF, et sa récente décision de postuler à sa propre succession, ont précipité les choses.
La justice interne de la FIFA a estimé que l’ancien politicien malgache (il a été secrétaire d’État au Sport et ministre de la Pêche à Madagascar) « avait manqué à son devoir de loyauté, accordé des cadeaux et d’autres avantages, géré des fonds de manière inappropriée et abusé de sa fonction de président de la CAF. » Plutôt copieux pour un seul homme, arrivé à la tête du football africain les poches pleines de promesses de transparence et d’équité après les années Issa Hayatou.
L’enquête de la commission d’éthique a « porté sur diverses questions liées à la gouvernance de la CAF, dont l’organisation et le financement d’un pèlerinage à La Mecque, ses accointances avec l’entreprise d’équipement sportif Tactical Steel et d’autres activités », selon la FIFA.
En plus de sa suspension de cinq ans, Ahmad Ahmad est sanctionné d’une amende de 200.000 francs suisses (185.000 euros).
Ahmad Ahmad, 60 ans, entré dans le monde du football comme entraîneur, avait été placé en garde à vue en juin 2019 par la justice française pour des soupçons de corruption. Deux mois plus tard, la FIFA avait décidé de placer la CAF sous tutelle, en envoyant la secrétaire générale de l’instance mondiale, Fatma Samoura, se glisser dans un rôle inédit de « déléguée générale » pour une période de six mois.
En février dernier, un audit réalisé par l’agence Price Waterhouse Cooper (PWC) sur les finances de la CAF avait été très critique sur les méthodes et la gestion du dirigeant malgache.
Par ailleurs, l’ancien secrétaire général de la CAF, Amr Fahmy avait alerté la FIFA par un courrier sans nuance, où il accusait Ahmad Ahmad de corruption — paiement de pots-de-vin à plusieurs dirigeants, usage personnel de fonds de la CAF — et de harcèlement sexuel à l’encontre de plusieurs salariées de l’organisation continentale. Ahmad Ahmad avait nié les faits. Puis, en avril 2019, il s’était débarrassé de son secrétaire général en lui désignant la porte.
Ahmad Ahmad, qui a abandonné temporairement son poste après avoir été atteint par le coronavirus, pourra faire appel de la décision de la FIFA auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS). Mais il devra attendre la publication sur le site de la FIFA de l’intégralité de la décision de la commission d’éthique, un document de 55 pages qui ne sera pas accessible avant 60 jours. Dans l’intervalle, l’intérim à la tête de la CAF est assuré depuis le 13 avril 2020 par le Congolais Constant Omari.
Attendue à défaut d’avoir été anticipée, la mise à l’écart d’Ahmad Ahmad ouvre toute grande la porte de la CAF à une nouvelle tête. A moins de quatre mois de l’élection à la présidence, prévue en mars 2021, quatre hommes ont annoncé leur candidature : l’Ivoirien Jacques Anouma 70 ans, déjà candidat en 2013 face à Issa Hayatou ; le Sud-Africain Patrice Motsepe, 58 ans, classé dans le top 10 des plus grosse fortunes du continent africain ; l’avocat sénégalais Augustin Senghor, 56 ans, présenté comme l’homme du consensus ; et le Mauritanien Ahmed Yahya, 44 ans, considéré comme un proche d’Ahmad Ahmad.
Deux autres dirigeants, les Tunisiens Tarek Bouchamaoui et Wadie Jary, ont également fait part de leur intention de briguer la présidence de la CAF.