Ils ont promis de casser les codes. A ce jour, ils s’y tiennent. Les organisateurs des Jeux de Paris 2024 ont présenté, jeudi 3 décembre, leur nouveau modèle de livraison de l’événement olympique et paralympique. Il se révèle inédit dans sa conception, avec un appel massif aux prestataires extérieurs.
Aux oubliettes, l’image d’un comité d’organisation des Jeux aux effectifs pléthoriques, prenant possession des sites de compétition avec des manières de propriétaire des lieux, avant de le rendre à leurs exploitants une fois le rideau retombé. Par souci d’économies et « volonté d’efficacité », le COJO Paris 2024 a revu sa copie. Avec un nouveau code de conduite : faire confiance aux compétences existantes. En clair, laisser les spécialistes reconnus conserver la maîtrise des sites et de l’organisation le temps des Jeux et de leur préparation.
Le modèle a été dévoilé jeudi 3 décembre aux médias, en début de matinée, avant une présentation à plus large échelle plus tard dans la journée devant près de 300 acteurs de l’industrie du sport : prestataires, fédérations, organisateurs d’événements, gestionnaires d’équipements.
Dans les deux cas, le même discours : la France possède une réelle expertise de l’organisation d’événements sportifs internationaux, plus de 70 % des sites des Jeux de Paris 2024 sont déjà existants et exploités par des spécialistes. Inutile, dans un tel contexte, de chercher à réinventer la roue.
En prime, le modèle de livraison répond à deux promesses de la candidature : l’engagement et l’héritage. Etienne Thobois, le directeur général de Paris 2024, l’explique : « Nous voulons créer une véritable Team France en engageant les acteurs du secteur sportif, pour les associer à notre ambition. En même temps, notre démarche s’inscrit dans une logique de dynamique du marché français à l’international. »
Précision : le COJO étant soumis aux codes des marchés publics, les appels d’offres ne pourront a priori pas se réduire aux seuls postulants français. Ils devront au moins s’ouvrir à l’Europe. Etienne Thobois insiste : « Les Français devront se montrer les meilleurs. Comme pour nos athlètes aux Jeux de Paris 2024, jouer à domicile ne suffira pas pour gagner des médailles. »
Autre précision : le COJO n’abandonnera pas les clefs de la maison à ses prestataires extérieurs. A l’idée d’externaliser, Etienne Thobois préfère le terme de « co-construction ». « Le COJO conservera toutes ses prérogatives, mais il va s’appuyer sur des partenaires de livraison », nuance-t-il. Pour preuve la présence d’un pilote interne au comité d’organisation pour chacun des sites olympiques et paralympiques.
Au début de sa réflexion, le COJO avait identifié 300 secteurs d’activité où la « co-construction » pouvait être envisagée. Depuis, il a réduit la voilure. La liste dénombre désormais une centaine d’activités, dont la sécurité, la restauration, la logistique, la gestion des loges ou l’accueil des spectateurs.
Voilà pour le concept. Résolument tourné vers le monde d’après, même s’il avait été ébauché avant la crise sanitaire. Pour les chiffres, en revanche, il faudra patienter. A la question du montant des marchés qui seront ouverts à l’extérieur, Etienne Thobois se montre vague. « Nous n’en sommes pas encore là, répond-il. Mais le montant total des marchés des Jeux de Paris 2024 s’élève à 2,5 milliards d’euros. Et plus de 70 % d’entre eux concernent la livraison de l’événement. » Copieux, donc.
Un même flou enveloppe encore la diminution des recrutements prévus initialement par le COJO. Ils seront revus à la baisse, mais les proportions ne sont pas encore évaluées. Etienne Thobois : « Nous étions partis sur des effectifs de 4.500 personnes à une année des Jeux, pour arriver finalement à 8.000 pendant l’événement. La baisse sera significative. »
Trois sites pilotes ont été choisis par le COJO pour lancer la mécanique : le Golf national de Saint-Quentin, dans les Yvelines, le stade Yves-du-Manoir de Colombes (hockey sur gazon), et la Paris La Défense Arena (natation course).
Les appels d’offres seront lancés en trois vagues successives, entre le mois de mars 2021 et le début de l’année 2022, avec l’objectif de présenter fin 2002 un tableau clair et précis de la façon dont seront livrés les Jeux de Paris 2024. La troisième et dernière vague concernera les sites du tournoi de football.