Il fallait s’y attendre. La commission exécutive du CIO, réunie pour la dernière fois de l’année lundi 7 décembre en mode virtuel, a tranché sans ménagement dans l’épais dossier du programme des Jeux de Paris 2024. Ses membres étaient invités à faire des choix. Ils s’y sont pliés avec un zèle de premiers de la classe.
Le résultat marquera l’histoire. Pour la première fois depuis la création des Jeux olympiques, le programme des épreuves à Paris en 2024 respectera à la virgule près la parité hommes/femmes. Cool. Le CIO n’a pas eu à bouleverser un équilibre déjà quasiment atteint pour les Jeux de Tokyo, où la proportion de femmes atteindra 48,8 %. Mais les organisateurs parisiens pourront malgré tout se vanter d’être les premiers à afficher une balance aux deux plateaux parfaitement alignés.
A peine la nouvelle annoncée, le COJO ne s’est d’ailleurs pas privé de rappeler que les Jeux de Paris en 1900 avaient été les premiers à s’ouvrir à la participation des femmes. Elles étaient à l’époque seulement 22, pour un total de 975 athlètes hommes, soit l’insignifiante, mais malgré tout historique, proportion de 2 % des compétiteurs.
La parité, donc. Elle est la grande gagnante d’une réunion de la commission exécutive du CIO attendue avec impatience par le mouvement olympique, en premier lieu les fédérations internationales. Elles avaient été plus d’une vingtaine à remplir leurs dossiers comme on le ferait d’une liste de cadeaux à envoyer au Père Noël. Plus d’une vingtaine à soumettre à Thomas Bach et sa garde rapprochée des demandes d’ajout de nouvelles épreuves et/ou disciplines.
Au final, le verdict de la commission exécutive du CIO en a réjouit une poignée, mais il a surtout fait son lot de déçues. Il fallait s’y attendre, l’instance olympique ayant prévenu les postulants qu’il ne serait pas question d’augmenter le nombre d’athlètes (10 500), ni le nombre d’épreuves à médailles, et encore moins celui de sites de compétition.
Les gagnants, d’abord. Ils sont quatre, les quatre sports additionnels proposés par le COJO Paris 2024. L’escalade, le skateboard et le surf confirment un statut déjà gagné pour les Jeux de Tokyo. Le breakdance fait son entrée dans la place. C’était écrit, ou presque.
A eux quatre, les sports additionnels « pèseront » 248 athlètes aux Jeux de Paris 2024. A la différence des Jeux de Tokyo, où ils étaient hors quotas, ces 248 nouveaux entrants devront se glisser sous la barre des 10.500 athlètes. Le calcul est simple : la direction des sports du CIO, pilotée par Kit McConnell, a dû retrancher pour rester dans les clous.
Le résultat se découvre dans les chiffres. Aux Jeux de Tokyo, l’an prochain, le programme comptera 339 épreuves à médailles. Trois ans plus tard, il en recensera dix de moins (329) aux Jeux de Paris 2024.
Avec une telle équation, les fédérations internationales désireuses de gagner une plus grande place en 2024 en ont été pour leurs frais. La commission exécutive du CIO a rejeté, entre autres, les demandes de l’athlétisme d’intégrer le cross-country, de l’aviron d’ajouter l’aviron de mer, de la gymnastique de donner au parkour un vernis olympique…
Certes, la nouveauté ne sera pas absente du programme des Jeux de Paris 2024. Mais il a fallu aux fédérations internationales les plus motivées sacrifier des épreuves pour en gagner d’autres. La dure loi du monde d’après.
L’athlétisme gagne une épreuve. Elle sera mixte et remplacera le 50 km marche. World Athletics devra se retrousser les manches et proposer au printemps prochain un concept novateur tout en restant dans les clous. Pronostic : une épreuve mixte de marche.
Une nouvelle catégorie de poids chez les femmes en remplacera une autre, masculine, dans le programme de la boxe. La parité, encore et toujours. Mais la boxe, dont l’instance internationale (AIBA) reste dans le collimateur du CIO dans l’attente de l’élection présidentielle du 12 décembre, figure en bonne place parmi les grands perdants de la semaine. Elle perd 34 athlètes entre Tokyo 2020 (286) et Paris 2024 (252).
Le canoë-kayak a obtenu gain de cause en faisant accepter le slalom extrême, hommes et femmes, mais il lui a fallu sacrifier pour cela deux épreuves de sprint en ligne.
La voile s’offre un lifting olympique. Elle en a l’habitude. Trois nouvelles épreuves – kitesurf mixte, 470 mixte, et peut-être la course au large – entrent aux Jeux, pendant que trois autres (470 hommes et femmes, Finn hommes) en sortent. Le sort de la course au large mixte sera scellé après une série d’étude complémentaires sur les coûts, la sûreté et la sécurité des athlètes, dont les conclusions seront communiquées le 31 mai prochain.
Une nouvelle épreuve de tir, le skeet par équipe mixte, remplacera le trap par équipe mixte.
Autre grand perdant : l’haltérophilie. C’était prévu. Comme dans le cas de la boxe, les athlètes peuvent en vouloir à leurs dirigeants, pointés du doigt par le CIO comme les premiers responsables de la cure d’amaigrissement imposée à la discipline par la commission exécutive. Aux Jeux de Paris 2024, l’haltérophilie perdra quatre épreuves à médailles (deux par sexe) et pas moins de 76 athlètes. Ils étaient 260 aux Jeux de Rio 2016, ils seront 196 l’an prochain à Tokyo. Trois ans plus tard, les haltérophiles ne seront plus que 120 à voir Paris.