L’Italie connaîtra-t-elle le même sort que la Russie ? Ses athlètes devront-ils concourir aux Jeux de Tokyo sous tenues, hymne et drapeau neutres ? A moins de six mois de l’événement, la menace se précise. La sanction pourrait tomber dès cette semaine, à l’occasion de la prochaine réunion de la commission exécutive du CIO.
Giovanni Malago (photo ci-dessus), le président du comité olympique italien (CONI), par ailleurs membre du CIO, le sait. Il ne cesse d’interpeller le gouvernement italien, depuis de nombreux mois, dans l’espoir d’éviter une telle sanction. Mais ses efforts n’ont pas encore abouti. Et ils n’aboutiront certainement pas avant mercredi 27 janvier, date de la réunion de la commission exécutive du CIO où doit être discutée une nouvelle fois la question italienne.
Difficile, en effet, d’imaginer le gouvernement italien se pencher en urgence sur le sujet olympique, alors que le Premier ministre, Giuseppe Conte, doit annoncer sa démission ce mardi 26 janvier. Le mouvement sportif italien devra attendre. Attendre et espérer la clémence du CIO.
L’affaire remonte à loin. Elle a pris naissance à la fin de l’année 2018, lorsque le gouvernement italien a décidé de déposséder le CONI de certaines de ses prérogatives, notamment l’attribution des subventions au mouvement olympique national, pour les confier à une nouvelle agence, Sport e Salute. Cette dernière a distribué l’an passé environ 280 millions aux fédérations sportives.
Seul ennui, mais de taille : cette nouvelle organisation mise en place au début de l’année 2019 dépend directement du gouvernement italien. L’organisation du mouvement olympique transalpin, avec une mainmise du pouvoir politique, se trouve donc en conflit avec la Charte olympique.
Depuis deux ans, le CIO a régulièrement alerté les autorités politiques italiennes de l’urgence de remettre leur organisation en conformité avec les règles du mouvement olympique. Dès l’été 2019, Thomas Bach a écrit une lettre très officielle au Premier ministre italien, Giuseppe Conte.
« Dans la situation actuelle, le CONI ne peut plus jouer pleinement son rôle de comité national olympique reconnu par le CIO et fonctionner conformément à la charte olympique », avait insisté Thomas Bach dans son courrier. Le dirigeant allemand avait même suggéré que l’Italie pourrait perdre le droit d’organiser les Jeux d’hiver 2026 à Milan et Cortina d’Ampezzo.
Faute de réponse, Thomas Bach a renouvelé sa préoccupation, et sa menace d’une sanction, en septembre dernier à l’occasion de sa visite à Imola à l’occasion des Mondiaux de cyclisme sur route. Encore une fois, sans résultat concret.
Certes, le ministre italien des sports, Vincenzo Spadafora, a assuré en novembre dernier au CIO que les réformes gouvernementales à venir donneraient très vite au CONI « une autonomie fonctionnelle et organisationnelle adéquate, comme le dicte la Charte olympique. » Mais les réformes sont tombées à l’eau.
« On peut encore trouver une solution d’ici mercredi, il y a encore le temps », a assuré Giovanni Malago, lundi 25 janvier, lors d’une audition parlementaire. Le président du CONI a évoqué une « situation dramatique » pour le sport italien. Il a insisté sur le fait que le CIO demande un aménagement législatif depuis deux ans, mais sans le moindre résultat.
A titre plus personnel, l’actuelle loi sur le sport italienne pourrait empêcher Giovanni Malago de solliciter en mai prochain un troisième mandat consécutif à la présidence du CONI. Le texte législatif limite en effet à deux le nombre maximum de mandats à la tête de l’instance olympique.
A l’évidence, le temps va manquer pour inverser le cours de l’histoire d’ici mercredi. Mais la commission exécutive du CIO pourrait décider d’imposer une suspension seulement provisoire à l’Italie. Elle pourrait ensuite être levée si le gouvernement restaure l’autonomie du CONI, notamment financière, avant le début des Jeux de Tokyo.