Un président s’en va, mais le suivant pourrait tarder à venir au comité d’organisation des Jeux de Tokyo. Yoshiro Mori a présenté sa démission de la présidence de Tokyo 2020, ce vendredi 12 février, à l’occasion d’une réunion du conseil exécutif prévue dans l’après-midi. Elle a été acceptée. Mais l’annonce de son remplacent ne sera pas immédiate.
Un nom circulait déjà pour reprendre le bureau abandonné par Yoshiro Mori. Saburo Kawabuchi, un ancien joueur professionnel de football, connu au Japon pour avoir participé aux Jeux de Tokyo en 1964, puis occupé longtemps le poste de président de la Fédération japonaise de football. Plus récemment, il avait été nommé maire du futur village des athlètes des Jeux de Tokyo 2020. Une fonction très symbolique, certes, mais révélatrice de son influence dans le mouvement olympique japonais.
Sans craindre de brûler les étapes, Saburo Kawabuchi a assuré aux médias, jeudi 11 février, qu’il était prêt à accepter le poste. « Ma plus grande mission sera de rendre possible l’organisation des Jeux par tous les moyens, a-t-il suggéré. C’est un honneur. J’aimerais accepter et offrir mon aide afin que les efforts de M. Mori ne soient pas vains. »
L’affaire semblait pliée. A l’évidence, elle ne l’est pas. Saburo Kawabuchi ne sera pas l’élu. Selon Kyodo News, le nom du successeur de Yoshiro Mori ne sera pas connu dès ce vendredi. Un panel sera mis en place par le comité d’organisation, avec pour mission de proposer un ou plusieurs noms. Le processus de désignation ne sera pas immédiat. Il pourrait prendre quelques jours.
Toujours selon les médias japonais, le nom de Saburo Kawabuchi aurait soulevé quelques doutes au sein du comité d’organisation. Certains auraient toussé, les autres auraient levé un sourcil.
En cause, deux choses. La première tient à la démarche. Saburo Kawabuchi serait le choix de Yoshiro Mori. Il aurait été suggéré, voire adoubé, par l’ancien Premier ministre. Commentaire d’un membre du conseil d’administration, cité par le Mainichi Shimbun : « Il n’est pas logique qu’un patron démissionnaire désigne son successeur. Ce processus doit comporter des étapes. Si cela est autorisé, il n’y a même pas de raison de tenir une réunion. »
La deuxième raison tient à Saburo Kawabuchi lui-même. A 84 ans, il avoue une année de plus que Yoshiro Mori. Il appartient à la même génération de dirigeants sportifs. Et même, pour une partie de l’opinion, à la même génération de Japonais.
Certes, l’ancien footballeur n’a jamais été pris en flagrant délit de propos sexistes. Mais son âge, son parcours, et sa proximité présumée avec Yoshiro Mori, ne semblent pas de nature à convaincre l’opinion publique d’un réel changement à la tête du comité d’organisation. Très imprudent, Saburo Kawabuchi a même suggéré jeudi 11 février que Yoshiro Mori devrait conserver un rôle de conseiller auprès des organisateurs des Jeux de Tokyo.
Seiko Hashimoto, la ministre des Jeux olympiques, n’en démord pas : la priorité est de restaurer la confiance du public envers l’événement olympique et paralympique. A moins de six mois de l’ouverture, tous les sondages s’accordent sur une évidence : les Japonais souhaitent aujourd’hui en grande majorité une annulation ou un nouveau report des Jeux.
« Le comité d’organisation prendra une décision après avoir écouté les opinions de toute une série de personnes », a déclaré Seiko Hashimoto à la veille de la réunion du conseil et du comité exécutif. Selon plusieurs sources, la ministre olympique compterait parmi les postulants à la succession de Yoshiro Mori. Elle pointerait même en bonne position.
A Lausanne, le CIO ne fait pas fait mystère de son souhait de voir les Japonais faire preuve de transparence pour la désignation de son successeur. A moins de six mois de l’ouverture, les Jeux de Tokyo ne peuvent plus se permettre une nouvelle crise.