La deuxième édition des Doha Goals, grand-messe du sport mondial où se retrouvent dirigeants politiques et institutionnels, anciens athlètes, décideurs économiques et experts, a débuté ce lundi 9 décembre (jusqu’à mercredi 11) dans la capitale du Qatar. Son créateur, le Marocain Richard Attias, en a expliqué à FrancsJeux l’origine, l’ambition et les grandes lignes. Et détaillé sa vision du sport et ses projet dans le domaine. Interview.
FrancsJeux : A quand remontent votre intérêt pour le sport et votre envie de vous y impliquer ?
Richard Attias : Tout a commencé à l’époque où j’organisais le Forum économique mondial de Davos. Il y a dix ans, nous avions décidé de proposer une session sur le sport. Une seule session sur les 356 au programme. Sepp Blatter et Pélé y avaient participé. Et cette session a été la plus populaire, mais aussi la plus intense et la plus dynamique. J’ai eu alors eu l’idée de créer un Davos du sport. Après avoir quitté Publicis et monté ma propre entreprise, Richard Attias & Associates, j’ai décidé de la mettre en oeuvre. Je voulais l’organiser au Brésil. Mais une rencontre au Maroc avec l’émir du Qatar m’a fait pencher pour Doha. Il a été séduit par le projet et m’a proposé de l’accueillir.
Encore et toujours le Qatar…
C’est vrai. Mais je connais bien ce pays. Depuis vingt ans, je l’ai vu grandir. Et, contrairement aux idées reçues, surtout en Occident, le sport fait partie de son ADN. Les membres de la famille royale sont des passionnés de sport. Et ce pays est le seul au monde qui ait décrété une journée par an, le premier mardi du mois de février, fête nationale du sport. Quand j’ai découvert les installations de l’Académie Aspire de Doha, je n’ai pas hésité une seconde, j’ai compris que les Doha Goals venaient de naître.
En quoi ce Forum se distingue-t-il des autres ?
La première année, nous avons organisé un pré-Doha Goals, avec 50 personnes. Nous nous sommes réunis pendant 36 heures pour écrire la feuille de route de notre idée. Et il a été décidé que les Doha Goals ne devraient pas être un forum, mais une plate-forme d’où sortiraient des idées et des initiatives.
A propos d’idées, vous avez évoqué l’an passé, lors de la première édition, la création d’une sorte de « taxe Tobin » du sport. Qu’est-elle devenue?
Elle a fait son chemin. Et nous devrions, je l’espère, pouvoir annoncer demain (mardi 10) quelque chose de concret. Mais l’idée n’est pas de créer une taxe, plutôt un fond de solidarité dans lequel les athlètes accepteraient de verser 1% de leurs revenus nets. Les sportifs de haut niveau se révèlent souvent très démunis en cas de pépins. Et la plupart d’entre eux ne pensent pas au lendemain. Aux Etats-Unis, une enquête a révélé que 60% des anciens joueurs de la NFL étaient sans emploi.
Le sport occupe-t-il, aujourd’hui, la place qu’il mérite dans l’économie ?
Non. On ne s’en sert pas assez pour dynamiser l’économie. Il se révèle pourtant créateur d’emplois, toutes les études le démontrent.
A ce titre, pensez-vous que la France devrait se porter candidate à l’organisation des Jeux olympiques de 2024 ?
Bien sûr. Je suis favorable à toutes les candidatures, de tous les pays, particulièrement de la France. Quinze ans ont passé depuis le Mondial de football en 1998. C’est long, trop long. A mon sens, les grands événements sportifs doivent figurer à l’agenda politique d’une nation. Un président de la République devrait, au cours de chaque mandat, avoir contribué à l’organisation d’au moins une grande compétition planétaire.
On vous prête des projets sportifs en Afrique…
C’est exact. J’en ai beaucoup. J’accompagne, par exemple, la République du Congo pour l’organisation des Jeux Africains à Brazzaville en 2015. Et je surveille toutes les candidatures des pays africains, pour des événements à venir ou pour des compétitions déjà attribuées. Le sport fait partie de la culture du continent africain. Tout comme pour le Qatar, il me semble anormal d’en exclure les pays du calendrier sportif international.