La Coupe du Monde de rugby 2023, puis moins d’une année plus tard les Jeux de Paris 2024 : le mouvement sportif international prendra bientôt ses habitudes en France. Pour les entreprises françaises du secteur du sport, un tel calendrier prend des allures de mât de cocagne.
Depuis l’an passé, un Groupement d’intérêt économique (GIE), France Sport Expertise, a vocation à les accompagner dans leurs efforts pour décrocher des marchés. En France, bien sûr, mais aussi au niveau planétaire. Sa présidente, Claude Revel (photo ci-dessus), a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : La création du GIE France Sport Expertise remonte au mois de novembre 2019. Pourquoi cette date ?
Claude Revel : La création du GIE s’inscrit dans la logique du lancement de la filière économie du sport. Elle remonte à l’année 2015, mais elle n’a vraiment commencé à fonctionner que l’année suivante. J’étais alors déléguée interministérielle à l’intelligence économique. J’avais été impliquée dans cette initiative, tout comme le ministre de l’Economie de l’époque, Emmanuel Macron, et le ministère des Sports. Les membres de la filière, dont le vice-président Olivier Ginon (président de GL Events), ont rapidement compris l’intérêt de créer un regroupement des entreprises, une sorte d’équipe de France des sociétés du sport ayant vocation à décrocher des marchés à l’international. France Sport Expertise est le résultat de cette prise de conscience.
Quels sont les points forts cette équipe de France de l’économie du sport, les domaines où l’expertise est la plus pointue ?
Ils sont nombreux. Je pourrais citer les grands équipements, la billetterie, les tribunes, le numérique, ou encore l’eSport. Certains membres de France Sport Expertise comptent parmi les leaders mondiaux dans leur domaine d’activité. Loxam, par exemple, est aujourd’hui le 4ème loueur mondial. Mais nous recensons aussi des entreprises aux compétences très pointues, comme Cryo Control, une référence mondiale dans la cryothérapie, ou Locaconcept, spécialisée dans les cuisines éphémères.
Au-delà de leur appartenance au GIE, ces entreprises ont-elles des points communs ?
Le sport, bien sûr. Mais appartenir au GIE France Sport Expertise exige également de répondre à certains critères. Le premier est la qualité technique et une expertise de haut niveau. Ensuite, elles doivent adhérer à des principes de non obstacle à la concurrence. Enfin, elles doivent porter les valeurs de la responsabilité sociale des entreprises. Nous partageons tous une approche du sport à la française, où l’activité sportive est placée au coeur de la société, avec un rôle important à jouer pour la santé et l’éducation. Cette approche répond de plus en plus aux attentes des pays, notamment en Afrique.
La crise sanitaire a-t-elle ralenti votre marche en avant ?
Le COVID-19 a ralenti notre immatriculation. Elle n’est pas intervenue avant la fin du printemps dernier. Il nous a également fallu avancer au rythme du temps administratif, parfois long en France. Et le GIE a changé de président et de directeur général, Bruno Lartigue ayant assuré un intérim avant que j’en assume la présidence. Mais depuis l’automne dernier, nous avons atteint notre rythme de croisière.
Quels sont les événements sportifs internationaux sur lesquels les membres du GIE ambitionnent le plus clairement de se positionner pour décrocher des marchés ?
En tête de liste, les Jeux de Paris 2024 et la Coupe du Monde de rugby 2023 en France. Les Jeux de la Francophonie 2022 à Kinshasa, en RDC, également. A plus long terme, les Jeux olympiques de la Jeunesse 2026 à Dakar. Mais nous regardons aussi les Jeux Européens 2023 en Pologne. Et même les Jeux de Tokyo. C’est sans doute trop tard, mais l’événement nous intéresse pour nous faire connaître, notamment dans la perspective des Jeux d’hiver de Pékin en 2022. Nous sommes également intéressés par la péninsule arabique, surtout le Qatar et l’Arabie saoudite. Enfin, sur le marché des grands équipements sportifs, deux pays africains présentent beaucoup d’opportunités : la Côte d’Ivoire, qui s’est dotée d’un ambitieux plan d’équipements, et le Bénin, où le chef de l’Etat est un passionné de sport.
L’un de vos membres, la BPCE, est partenaire premium de Paris 2024. Plusieurs autres ont vocation à rejoindre l’aventure. Comment abordez-vous cet événement olympique et paralympique ?
Nous entretenons des relations avec le COJO Paris 2024. Nous avons rencontré Tony Estanguet, nous sommes en contact avec ses équipes. Nous avons aussi rencontré Michel Cadot, le délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques. Nous voulons avoir des informations le plus tôt possible sur les conditions des appels d’offres. Et nous souhaitons bien comprendre les critères du COJO, en termes de RSE, héritage et durabilité. Nous avons la volonté assumée de jouer collectif sur cet événement.
France Sport Expertise compte aujourd’hui 24 membres. Avez-vous déterminé un nombre maximum d’entreprises à ne pas dépasser ?
Dans les trois mois à venir, nous allons passer à 28 membres. Nous ne sommes pas un club fermé. Il est intéressant de grandir, mais nous voulons des entreprises expertes, responsables et respectueuses de certains principes. Le GIE doit rester un label d’expertise et de responsabilité. Je précise également que nous sommes ouverts à la concurrence. Nous pourrions ainsi tout à fait compter parmi nos membres deux entreprises présentes dans le même secteur d’activité.