Une page d’histoire pourrait s’écrire, dans moins de trois mois, à l’occasion des compétitions d’haltérophilie des Jeux de Tokyo. Et, avec elle, une inévitable controverse. Selon un officiel de l’instance internationale de la discipline (IWF), l’épreuve olympique devrait être marquée par la présence sur la liste des engagés du premier athlète transgenre.
Laurel Hubbard, 43 ans, connue à ses débuts d’haltérophile sous le prénom de Gavin, ne figure pas encore officiellement dans la sélection néo-zélandaise pour les Jeux de Tokyo. Mais selon les nouvelles règles de qualification, modifiées par le CIO en raison de la crise sanitaire, elle est désormais assurée d’une place dans la catégories des super-lourdes (+ 87 kg).
Médaillée d’argent aux championnats du monde en 2017, sixième deux ans plus tard après avoir été freinée par une sérieuse blessure, Laurel Hubbard s’apprête donc à rentrer dans l’histoire comme la première athlète transgenre aux Jeux olympiques. Actuellement quatrième au bilan mondial de sa catégorie parmi les athlètes éligibles pour les Jeux, la Néo-Zélandaise pourrait doublement marquer son temps, lundi 2 août, en devenant également la première transgenre médaillée olympique.
Fille d’un ancien maire de la ville d’Auckland, Laurel Hubbard a débuté l’haltérophilie chez les jeunes, mais dans les rangs des garçons. A l’âge de 20 ans, Gavin Hubbard, son prénom de l’époque, a établi un nouveau record de Nouvelle-Zélande junior au total olympique, dans la catégorie des plus de 105 kilos.
Quatorze ans plus tard, à l’âge de 34 ans, Gavin est devenu Laurel. Mais sa carrière sportive n’a pas pris fin. L’athlète a simplement décidé de la poursuivre dans les rangs des haltérophiles féminines.
Selon les directives du CIO sur la question des transgenres, publiées en novembre 2015, les athlètes ayant changé de sexe, passant du statut d’homme à celui de femme, peuvent concourir dans les épreuves féminines. Mais à la condition que leur taux de testostérone soit maintenu en dessous de 10 nanomoles par litre, et cela pendant une période d’au moins 12 mois. Etablie par l’instance olympique, la règle est notamment suivie par la Fédération internationale d’haltérophilie (IWF).
Laurel Hubbard répond à ces critères. Depuis son changement de sexe, elle a décroché une médaille mondiale, une victoire aux Jeux du Pacifique. L’an passé, elle s’est imposée à la Coupe du Monde de Rome.
Sa présence probable aux Jeux de Tokyo ne passera pas inaperçue. Elle pourrait aussi créer la polémique. Plusieurs études scientifiques ont démontré qu’un athlète ayant connu une puberté masculine conserve un avantage en termes de puissance et de force, même après un traitement médicamenteux pour abaisser son taux de testostérone.
« Les règles qui m’ont permis de concourir sont entrées en vigueur pour la première fois en 2003, elles n’ont pas été écrites pour moi, a expliqué Laurel Hubbard après sa médaille d’argent mondiale décrochée en 2017. Il y a 10 ans, le monde n’était peut-être pas prêt pour un athlète comme moi. Peut-être n’est-il toujours pas prêt aujourd’hui. Mais je ne veux pas renoncer. »