Un vent de réforme souffle sur le CIO depuis l’arrivée de Thomas Bach sur le fauteuil présidentiel. Qu’en pensent les partenaires économiques de l’institution ? FrancsJeux a posé la question au plus fidèle de tous, Coca Cola, et à son directeur des opérations olympiques, le Français Thierry Borra. Interview.
FrancsJeux: Comment se porte le partenariat entre Coca Cola et les Jeux olympiques ?
Thierry Borra: Coca est le plus ancien partenaire des Jeux, nous accompagnons l’événement depuis 85 ans. Mais, malgré nos 127 ans d’existence, nous avons toujours besoin de nous renouveler. Nous sommes arrivés à une période charnière avec le mouvement olympique. Nous devons faire évoluer notre partenariat, trouver des idées nouvelles, le rendre encore plus pertinent. Les Jeux nous ont aidés, tout au long de ces années, à devenir une marque globale. En retour, nous aidons financièrement l’événement. Mais notre présence ne se limite pas aux JO, hiver ou été, une année sur deux. Nous soutenons aussi, tout au long de l’année, les 205 comités nationaux olympiques.
Que pensez-vous de l’évolution que semble vouloir prendre le CIO depuis l’arrivée de Thomas Bach?
Elle nous convient, car nous partageons la volonté du CIO de faire venir de nouveaux sports et de nouveaux publics. Même chose pour les initiatives prises pour inciter les jeunes à pratiquer une activité physique. Le CIO doit reprendre le leadership sur toutes ces questions. Il peut et doit jouer un rôle plus large et plus visible. Beaucoup de gens s’impliquent, notamment sur les questions de sport/santé, mais un leader doit s’imposer. Le CIO peut être ce leader.
Entre les trois villes candidates aux Jeux de 2020, Istanbul, Madrid et Tokyo, aviez-vous une préférence?
Pour nous, le choix de la ville olympique est secondaire. Plus que le lieu, c’est la plateforme qui nous intéresse. Mais il me semble que donner les Jeux à des villes et des pays qui n’ont pas les infrastructures et les compétences pour les organiser revient à les rendre extrêmement complexes. Les Jeux d’été en Afrique est, à tout point de de vue, une belle idée. Mais ça ne doit pas être qu’une idée. Le CIO doit mettre en place des étapes pour aider les candidatures.
Pour une marque telle que la vôtre, les Jeux valent-ils encore la dépense ?
Oui. Les Jeux nous poussent à innover. Ils constituent une façon unique d’accélérer notre business, sur le plan commercial et pour nos propres valeurs.
Vous en serez donc toujours les partenaires ?
Notre contrat actuel court jusqu’en 2020. Nous pensons déjà à la suite, c’est certain. On se pose la question, bien sûr, notamment sur la façon d’inventer une nouvelle relation avec les Jeux. Lorsque nous avons renouvelé notre partenariat avec le CIO, en 2005, Jacques Rogge nous a dit que nous étions un peu comme un vieux couple. Dans un vieux couple, il faut dialoguer, se poser les bonnes questions et inventer.
La situation des Jeux de Sotchi vous préoccupe-t-elle ?
A ce stade, non. Les Russes ont tout construit, presque de A à Z. Il est normal qu’une telle entreprise rencontre quelques difficultés.
Et la question des droits de l’Homme ?
Des progrès ont été faits. Les Russes viennent d’annoncer leur intention de créer des zones où pourront s’exprimer les opposants. Il n’y avait rien de tel en 2008 à Pékin. Nous croyons aux valeurs de l’olympisme. Les Jeux constituent un formidable outil de dialogue et d’ouverture.
La France réfléchit actuellement à la possibilité de se lancer dans la course aux Jeux de 2024. Que pense Coca Cola d’une candidature de Paris ?
La France doit se poser les bonnes questions. Ne pas y aller la fleur au fusil. Avoir une vision, un projet long terme. Se demander en quoi les Jeux apporteraient quelque chose à Paris et à la France. Mais cette question, le CIO doit aussi se la poser, de façon plus générale. Il doit se demander que faire des Jeux et où aller. Je ne suis pas certain que donner deux fois de suite les Jeux d’hiver dans des territoires neufs, Sotchi en 2014 et Pyeongchang en 2018, soit une très bonne idée.