Les organisateurs japonais le répètent sans lassitude, en réponse aux appels à l’annulation de l’événement olympique et paralympique : les Jeux de Tokyo auront bien lieu aux dates annoncées. Tout autre scénario n’est plus d’actualité.
Ils auront lieu, état d’urgence ou pas. Et ils s’annoncent comme les Jeux de la parité. Le CIO n’y est pas pour rien. L’instance présidée par Thomas Bach a remis le programme à l’équilibre, ou presque, avec la participation annoncée de 49 % de concurrentes féminines et un nombre record d’épreuves mixtes. Elle a également « recommandé » à ses comités nationaux olympiques de choisir deux portes-drapeau, un homme et une femme, pour le défilé des délégations.
A son tour, le comité d’organisation veut apporter sa pierre. Avec une idée pleine de symboles : faire prononcer le serment des athlètes, vendredi 23 juillet à la cérémonie d’ouverture, par deux concurrents. Un homme et une femme.
L’information n’est pas encore officielle. Elle est révélée par Kyodo News, citant une source anonyme proche du dossier. Mais elle pourrait rapidement le devenir. A moins de deux mois de l’ouverture, les organisateurs japonais n’ont plus de temps à perdre pour régler les détails de la cérémonie d’ouverture. Surtout, ils ont un besoin urgent de rassurer le mouvement olympique sur la réalité de l’événement. Pour cela, rien de mieux qu’une poignée d’annonces concrètes sur les aspects opérationnels.
Les organisateurs japonais ont pioché dans les images du passé : un discours mixte à la cérémonie d’ouverture ne serait pas une première. Les Sud-Coréens l’avait concrétisé aux Jeux de Séoul en 1988, où le traditionnel serment des athlètes avait été prononcé à deux voix, par la handballeuse Son Mi Na et le basketteur Hur Jae. Mais le cas est resté unique dans les annales olympiques.
Avec une telle initiative, les Japonais feraient coup double. Ils donneraient le ton de la parité, un principe inscrit en bonne place dans les résolutions de l’Agenda 2020 du CIO, dès l’ouverture des Jeux de Tokyo. Dans le même temps, ils refermeraient la triste parenthèse ouverte par les propos sexistes de l’ex président du comité d’organisation, Yoshiro Mori, prié de quitter la place après avoir suggéré que les femmes parlaient trop, et souvent sans raison, dans les réunions de travail.
Certes, l’octogénaire ancien Premier ministre s’est excusé publiquement. Mais sa courbette et son air contrit n’ont pas complètement convaincu une opinion publique dont la défiance à l’égard des Jeux était déjà largement nourrie par les risques sanitaires et l’inflation des coûts.
Depuis, certains des rôles principaux ont été confiés à des femmes. Seiko Hashimoto, l’ancienne ministre olympique, a succédé à Yoshiro Mori à la présidence du comité d’organisation. Son portefeuille ministériel a été confié à une autre femme, Tamayo Marukawa.
Mais les Japonais veulent aller plus loin. Ils semblent déterminés à tout mettre en oeuvre pour laisser, une fois le rideau tombé, un héritage durable en termes de changement de société. Le comité national olympique, notamment, a prévu de désigner pour la première fois, en plus du traditionnel capitaine de la délégation, un vice-capitaine. Les deux rôles devront être assurés par deux athlètes de sexe différent.
Depuis la création des Jeux modernes, le Japon a organisé les Jeux olympiques à trois reprises. A chaque fois, le serment des athlètes a été prononcé par un homme. Le gymnaste Takashi Ono a ouvert la série aux Jeux de Tokyo en 1964. Le patineur de vitesse Keiichi Suzuki a prêté serment aux Jeux d’hiver de Sapporo en 1972. Le spécialiste du combiné nordique Kenji Ogiwara l’a imité vingt-six ans plus tard aux Jeux d’hiver de Nagano en 1998.