Imprévu mais bienvenu. En moins de quarante-huit heures, le mouvement olympique a ouvert encore un peu plus la porte de l’égalité des sexes. Et donné un franc coup d’accélérateur à la cause féminine.
Au lendemain de la nette victoire de Brigitte Henriques dans la course à la présidence du Comité national et sportif français (CNOSF), devenant la première femme à diriger l’instance, les organisateurs japonais ont annoncé qu’ils autorisaient les athlètes qui allaitaient leur enfant à l’emmener aux Jeux de Tokyo.
En mars dernier, le comité d’organisation avait expliqué que l’interdiction d’entrée au Japon des spectateurs étrangers s’appliquerait également aux familles des athlètes. Il avait précisé que la règle ne permettrait pas la moindre exception.
Mais plusieurs athlètes et jeunes mères de famille ont mené campagne, via les réseaux sociaux, pour obtenir le droit de voyager avec leur enfant. En tête de cortège, la basketteuse canadienne Kim Gaucher (photo ci-dessus). Elle a expliqué que, dans la situation actuelle, le CIO et les organisateurs japonais ne lui laissaient pas d’autre alternative que renoncer aux Jeux de Tokyo ou passer 28 jours sans sa fille de 3 mois, Sophie, qu’elle a choisi d’allaiter.
« Aujourd’hui, je suis forcée de choisir entre être une maman qui allaite ou une athlète olympique. Je ne peux pas avoir les deux. Tokyo a dit pas d’amis, pas de familles, pas d’exceptions », a-t-elle expliqué dans une vidéo publiée sur son compte Instagram.
La marathonienne américaine Aliphine Tuliamuk, victorieuse en février 2020 des sélections olympiques, lui avait emboité le pas. Elle avait confié ne pas pouvoir « s’imaginer aller aux Jeux sans sa fille » de cinq mois, Zoe, qu’elle allaite.
Les deux athlètes ont été entendues. Le comité d’organisation des Jeux de Tokyo a annoncé via un communiqué, mercredi 30 juin, avoir assoupli ses règles. « Après avoir soigneusement examiné la situation unique à laquelle sont confrontés les athlètes ayant des enfants allaités, nous sommes heureux de confirmer que, si nécessaire, les enfants allaités pourront accompagner les athlètes au Japon », a-t-il expliqué.
Précision : les enfants allaités ne pourront pas être logés au village des athlètes. Ils devront être hébergés dans des hôtels agréés. Aux mères de famille concernées de mettre en place une logistique leur permettant de poursuivre l’allaitement tout en participant aux compétitions. Pas simple.
Hasard du calendrier : l’annonce des organisateurs japonais est tombée le même jour que le verdict du Tribunal arbitral du sport (TAS) concernant la boxeuse canadienne Mandy Bujold. La jeune femme avait fait appel de la décision du CIO, rendue au mois de mai, de ne pas l’autoriser à participer aux Jeux, son classement mondial étant insuffisant pour prétendre à un quota pour le tournoi olympique.
Mais la boxeuse canadienne a expliqué que la naissance de sa fille Kate Olympia, en novembre 2018, l’avait contrainte à rester éloignée des rings pendant de longs mois. A son retour, la crise sanitaire a bouleversé le calendrier international. Mandy Bujold s’est ensuite préparée à aller chercher son billet pour les Jeux lors du dernier tournoi de qualification olympique, prévu en Argentine. Mais il a été annulé en raison de la pandémie de COVID-19.
Recalé par le CIO, son dossier a été jugé recevable par le Tribunal arbitral du sport. A Tokyo, Mandy Bujold deviendra la première Canadienne à participer à deux Jeux olympiques consécutifs en boxe. Elle avait pris la 5ème place à Rio en 2016.