Les Jeux de Tokyo continuent, encore six jours avant le baisser de rideau. Mais l’Europe n’attend pas pour préparer les suivants. Et elle avance groupée.
Les comités d’organisation des Jeux d’été de Paris 2024 et d’hiver de Milan-Cortina 2026 ont choisi de faire cause commune. Ils ont signé dans la capitale japonaise, ce mardi 3 août, un accord de coopération. Une forme d’évidence, selon les deux signataires, présidents de leur entité respective, Tony Estanguet côté français, Giovanni Malago pour le versant italien. Un rapprochement présenté comme naturel, frappé au coin du bon sens.
La démarche n’est pas inédite. Paris 2024 a déjà conclu pareil accord avec les Californiens de Los Angeles 2028. Les Asiatiques de PyeongChang 2018, Tokyo 2020 et Pékin 2022 avaient, eux aussi, concrétisé par un accord de coopération leur volonté de partager expertise et connaissances.
Mais Français et Italiens ne s’en cachent pas : ils veulent aller plus loin. Leur rapprochement se veut concret et pratique. Surtout, il ne s’interdit aucun domaine d’expression. « Nous avons en commun la volonté de laisser un héritage dans la société, notamment pour la pratique du sport à l’école. Un héritage pour la population, explique Tony Estanguet. Le temps est venu de proposer un nouveau modèle des Jeux olympiques, plus durable, avec une meilleure utilisation des équipements déjà existants. Nous voulons partager tout ce qui peut l’être. »
Giovanni Malago, président du comité d’organisation de Milan-Cortina 2026 et du comité olympique italien (CONI), embraye d’un même geste volontaire. « Nous voulons beaucoup apprendre de Paris 2024, car la France est la France, Paris est Paris, et Tony est… Tony, suggère-t-il avec humour. Nous avons nos personnalités respectives, mais nous avons en commun, Italiens et Français, une touche de classe. Avec Paris 2024, nous allons être les deux premiers Jeux à mettre en pratique la Nouvelle norme du CIO« .
En pratique, Paris 2024 et Milan-Cortina 2026 veulent profiter de leur culture commune, mais aussi de leur proximité géographique, pour bâtir des passerelles rarement imaginées dans le mouvement olympique. Le Français envisagent d’ouvrir aux Italiens leur programme d’observation, habituellement plutôt destiné à la ville-hôte des prochains Jeux de la même saison. L’équipe italienne pourrait envoyer certains de ses membres prendre leurs quartiers au COJO Paris 2024 plusieurs mois avant l’événement, dans le domaine de la technologie, par exemple.
Autre piste : embarquer également Los Angeles 2028 pour développer ensemble, à trois, certaines applications numériques. Pour les transports, par exemple. La démarche aurait le mérite de multiplier les compétences. Elle pourrait aussi réduire les coûts. Le CIO devrait apprécier.
« Nous ne nous interdisons rien, explique-t-on au COJO Paris 2024. Voyons ensemble ce qui peut être utile aux deux parties. » Un autre exemple : le relais de la flamme. Associer les deux événements aurait le mérite de donner à Paris 2024 une dimension européenne. L’idée permettrait également de mobiliser plus facilement la population italienne autour de la cause olympique, dix-huit mois avant l’échéance.
Une incursion à Milan et dans le nord de l’Italie du parcours de la flamme des Jeux de 2024 ? Officiellement, le sujet n’est pas encore d’actualité. Mais l’idée est séduisante. Elle casserait les codes.