Mais à quoi joue la FIFA? Depuis hier, on s’interroge. Et on peine à comprendre. La Fédération internationale de football, montrée du doigt depuis sa décision d’accorder au Qatar la Coupe du Monde en 2022, a démontré une nouvelle fois hier son sens du désordre et même, soyons clair, du ridicule.
Tout est parti d’une interview accordée à France Inter par Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA. Interrogé par la radio publique, le Français s’est montré très catégorique en affirmant, sans nuance ni recours au conditionnel, que la Coupe du Monde 2022 n’aurait pas lieu en été. « Les dates du Mondial ne seront pas juin-juillet, a assuré Jérôme Valcke. Franchement, je pense que ça se jouera entre le 15 novembre et le 15 janvier au plus tard. »
Très en verve, le secrétaire général a avancé ses arguments, en expert de la météo de la région du Golfe: « Si vous jouez entre le 15 novembre et la fin du mois de décembre, c’est le moment où la météo est la plus favorable, où vous jouez à une température qui est équivalente à celle d’un printemps un peu chaud en Europe, à une température moyenne de 25 degrés. Donc, c’est parfait pour jouer au football. »
Sur le fond, rien de nouveau. Et pas vraiment de quoi agiter la planète football. Il ne fait aucun doute aujourd’hui que la Coupe du Monde 2022 ne pourra pas se dérouler au plus chaud de l’été, lorsque le thermomètre grimpe à Doha jusqu’à 40 ou 45° dans la journée. Mais la FIFA se plait à entretenir un semblant de suspense. Surtout, elle affirme avec la main sur le cœur que rien n’est encore décidé. Ses dirigeants sont donc appelés à rester très vagues sur le sujet. Une obligation de réserve qui vaut, bien entendu, pour son secrétaire général.
Pas étonnant, dans ces conditions, que les propos de Jérôme Valcke aient été démentis sur le champ par la FIFA. La Fédération internationale a fait savoir, par un communiqué, que son n°2 avait exprimé « son point de vue » et que la date de l’épreuve « faisait toujours l’objet d’une consultation » avec « la communauté internationale du football » et ses « partenaires commerciaux ».
Ce premier couac a bientôt été suivi d’un autre. Interrogé par les médias, le vice-président de la FIFA, le Britannique Jim Boyce, n’a pas hésité à se déclarer « totalement surpris » par cette annonce. Avant d’ajouter que « tous les protagonistes auront des discussions et feront un rapport au comité exécutif de la FIFA ». Selon lui, aucune décision ne sera prise avant la fin de l’année 2014, voire le mois de mars 2015. Jérôme Valcke a donc parlé trop tôt.
En coulisses, un homme se frotte les mains de la confusion qui semble régner au sein de la FIFA. Interrogé par l’Equipe, Michel Platini, le président de l’UEFA, a manié l’ironie: « Lors du comité exécutif qui s’est tenu début octobre, il a été décidé de lancer une grande consultation de tout le football et qu’une décision ne serait prise avant le Mondial 2014 au Brésil. Il a aussi été convenu de ne pas parler de ce sujet d’ici-là. Je ne vois donc pas pourquoi il est évoqué publiquement. Il y a deux mois, c’est Blatter qui en a parlé. Maintenant, c’est Valcke. Alors qu’il s’agit d’une décision qui relève du comité exécutif de la FIFA. Mais peut-être que le comité exécutif ne sert à rien… En fait, certains aiment bien parler.»