A deux semaines et quelques poignées d’heures de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Pékin 2022, le CIO continue à piocher sans retenue dans la boîte à superlatifs. Mercredi 19 janvier, l’instance olympique a organisé depuis la capitale chinoise un point presse en mode virtuel, dédié aux opérations médias.
Sans surprise, les deux intervenants ont loué une nouvelle fois la qualité de la préparation de l’événement par les organisateurs chinois. « Les meilleurs sites qu’il m’ait été donné de voir aux Jeux d’hiver« , a assuré Yiannis Exarchos, le directeur exécutif d’OBS (Olympic Broadcasting Services). « Le centre de presse audiovisuel (IBC) et écrite (MPC) le mieux intégré de l’histoire« , a suggéré Lucia Montanarella, la directrice adjointe chargée des opérations médias.
Les restrictions d’accès à certains sites Internet, comme Google, Facebook, Instagram ou Twitter ? Pas un problème, a répondu Lucia Montanarella à la question d’un journaliste britannique. « Sur les sites officiels, l’accès à Internet se fera via le réseau olympique, a-t-elle expliqué. J’ai pu le vérifier moi-même : il ne bloque aucun site ou plateforme. Dans les chambres des hôtels officiels, en revanche, il faudra être équipé d’une carte SIM spéciale, vendue par le comité d’organisation, pour bénéficier des mêmes accès. »
Tout roule, donc. Au moins côté CIO. Ailleurs, l’optimisme se révèle nettement plus nuancé. Il laisse même parfois la place à une inquiétude grandissante.
Au Canada, notamment , un reportage d’un journaliste de Radio Canada, Martin Leclerc, a fait un certain bruit dans l’univers olympique. Il met en effet fortement en doute la crédibilité des tests anti-COVID-19 effectués sur les accrédités étrangers à leur arrivée à Pékin pour les Jeux d’hiver. Ils seraient tellement sensibles que leurs résultats se révèlent parfois faussement positifs, entraînant pour les malheureux visiteurs un séjour forcé en isolement.
Seul ennui, mais de taille : les deux tests obligatoires imposés par les autorités chinoises avant de se rendre à Pékin, 96 et 72 heures avant le départ, n’ont plus aucune valeur aux yeux des Chinois une fois arrivé sur place. Ils servent à voyager, rien de plus. Une fois sur place, seul le dépistage à la chinoise compte pour entrer dans la bulle.
Radio Canada rapporte le cas de deux de ses journalistes testés positifs à l’aéroport de Pékin, alors qu’ils avaient subi cinq tests négatifs successifs avant d’embarquer dans l’avion, le dernier moins de 72 heures avant leur départ de Montréal.
Après la révélation de leurs tests positifs, ils ont été conduits dans un ancien hôtel de Pékin, devenu centre d’isolement, présenté comme « plutôt lugubre« . Depuis, le centre en question aurait été fermé sous la pression du CIO.
Selon le PDG d’un laboratoire spécialisé, cité par La Presse Canadienne, les tests effectués en Chine s’apparentent à une loterie. « Leur sensibilité est telle que le test devient susceptible de produire de faux positifs, explique-t-il. Ça devient en quelque sorte une loterie. On vous déclarera positif même si on capte des débris de virus qui sont morts. »
En clair, toute personne ayant été victime du virus au cours des dernières semaines aurait une chance non négligeable d’être testée positive en Chine, même après plusieurs tests négatifs dans son pays d’origine. Une telle perspective peut en effrayer plus d’un, notamment dans les rangs des athlètes.
Au Canada, plus de la moitié de l’équipe de bobsleigh a été touchée par le COVID-19 en fin d’année passée. Plusieurs des meilleures skieuses du monde, dont l’Américaine Mikaela Shiffrin, ont également été contraintes de renoncer à certaines étapes de la Coupe du Monde de ski alpin après avoir contracté le virus.
Face aux risques de faux positifs, notamment parmi les délégations, le CIO se veut rassurant. L’instance olympique explique que les cas seront étudiés de façon individuelle par un panel indépendant d’experts scientifiques. Mais l’analyse s’annonce complexe et parfois longue. Surtout, elle n’empêchera pas un passage par la case isolement.