Thomas Bach peut s’en féliciter : en Chine, il est vraiment quelqu’un. Le régime de Pékin lui réserve un traitement de chef d’Etat. Et même un mieux que cela.
Après avoir été immortalisé par un buste à son effigie dressé dans le Parc olympique de la capitale chinoise, Thomas Bach a été reçu mardi 25 janvier par Xi Jinping. A un peu plus d’une semaine de l’ouverture des Jeux d’hiver, le président chinois s’est entretenu avec le dirigeant allemand à l’occasion de l’une des rares entrevues en personne, en « réel‘, accordées par Xi Jinping à un visiteur étranger depuis le début de la pandémie. Elle serait même la première depuis près de deux ans.
Les images de la rencontre, organisée dans l’une des maisons d’hôtes du gouvernement chinois, ont été relayées par la télévision chinoise. Puis son contenu a été détaillé dans un style très protocolaire par un communiqué du CIO.
L’instance olympique évoque une « traditionnelle visite de courtoisie rendue au chef de l’État hôte en prélude aux Jeux« . Elle explique que Thomas Bach a adressé ses « meilleurs voeux au dirigeant et au peuple chinois pour l’année du Tigre« , à l’approche du Nouvel An chinois.
Le CIO explique que les deux hommes ont évoqué « l’excellent état des préparatifs des Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022, ainsi que toutes les questions en lien avec leur réussite« . Thomas Bach a salué le « travail du comité d’organisation et la qualité exceptionnelle des sites olympiques. »
Il a également félicité le président Xi Jinping d’avoir atteint son objectif, à savoir faire découvrir les sports d’hiver à plus de 300 millions de Chinois dans tout le pays.
« La Chine est désormais un pays de sports d’hiver, a suggéré Thomas Bach, cité par le CIO. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour la pratique de ces sports partout dans le monde. »
Sur les photos officielles, Thomas Bach et Xi Jinping se tiennent droit comme la justice, respectant la distanciation sociale avec des manières de géomètre (photo ci-dessus). Les deux hommes sont masqués. Mais ils apparaissent sans masque au moment de l’entrevue proprement dite, assis face à face autour d’une table de banquet dressée dans une salle vaste comme un amphithéâtre.
La question des droits de l’homme ? Le boycott diplomatique des Etats-Unis, de l’Australie, du Canada et de la Grande-Bretagne ? L’affaire Peng Shuai ? Pas un mot. A 10 jours de l’ouverture des Jeux de Pékin, Thomas Bach reste fidèle à sa position : ne pas inviter la politique à la table des Jeux. Une position de « neutralité » que l’instance olympique et son président maintiendront à coup sûr jusqu’aux derniers feux de la cérémonie de clôture, dimanche 20 février.
Thomas Bach est arrivé samedi dernier à Pékin. Il a respecté un isolement de trois jours à son hôtel, comme il l’avait fait en juillet dernier avant les Jeux de Tokyo. Sa rencontre avec Xi Jinping a donc été sa première sortie officielle.
La suite s’annonce moins politique. Le président du CIO doit enchaîner une réunion de la commission exécutive, mercredi 2 février à l’hôtel Intercontinental Beichen de Pékin. Puis il présidera la 139ème session de l’instance, prévue en deux temps, le 3 février avant le début des Jeux, puis le 19 à la veille de la clôture. Elle se tiendra au China National Convention Centre (CNCC).
A son programme était également prévu un dîner avec Peng Shuai. Thomas Bach l’a annoncé à l’occasion de son entrevue d’une trentaine de minutes en visioconférence avec la joueuse chinoise, à la fin du mois de novembre dernier. Il avait alors conclu l’échange par une invitation à dîner après son arrivée à Pékin, précisant que les autres convives seraient la Finlandaise Emma Terho, présidente de la commission des athlètes du CIO, et la Chinoise Li Lingwei, ancienne joueuse de badminton, aujourd’hui membre de l’instance olympique.
Depuis, le CIO n’a plus reparlé de ce dîner.