Les larmes ont coulé sans retenue aux Jeux d’hiver de Pékin 2022. Larmes de joie pour Eileen Gu, la star chinoise des Jeux, sacrée en big air mardi 8 février après avoir tenté, et réussi, un saut encore jamais passé en grande compétition. Larmes de détresse la veille au tremplin de saut à ski, pendant l’épreuve par équipe mixte, disputée pour la première fois aux Jeux d’hiver.
La raison ? Un point du règlement de la Fédération internationale de ski (FIS) appliqué à la lettre par les officiels de la compétition. Il a conduit à la disqualification de cinq sauteuses, membres de quatre équipes nationales. La Japonaise Sara Takanashi, l’Autrichienne Daniela Iraschko-Stolz, l’Allemande Katharina Althaus, et deux Norvégiennes, Anna Odine Stroem et Silje Opseth, ne figureront pas au palmarès de cette première épreuve olympique. Elles ont été rayées des listes.
En cause, leurs combinaisons de saut. Elles ont été jugées trop grandes par les officiels des Jeux de Pékin. Le règlement de la FIS impose des dimensions en rapport avec le gabarit des sauteurs, hommes et femmes. Une tenue trop ample est considérée comme susceptible d’apporter un avantage à l’athlète pendant la phase de vol.
Censée contribuer à la promotion du saut à ski, et respecter les exigences de parité imposées par le CIO, cette première édition d’un concours mixte – deux hommes et deux femmes – a tourné à la guerre des mots.
Après l’annonce de sa disqualification, Katharina Althaus n’a pas retenu ses critiques devant les médias : « Nous attendions avec impatience cette compétition olympique. Mais la FIS a tout détruit avec cette décision. Elle a même détruit le saut à ski féminin. C’est ainsi que l’on détruit les nations, le développement et le sport tout entier« .
Silje Opseth, l’une des deux Norvégiennes disqualifiées, a reconnu ne pas comprendre la décision du jury. Elle a expliqué porter la même combinaison deux jours plus tôt pour l’épreuve des qualifications. Les officiels ne lui ont pas fait la moindre remarque. « Je ne sais pas quoi dire, je suis vraiment secouée, a-t-elle confié après la finale, citée par Reuters. Je suis désolée d’avoir été disqualifiée. »
Même incompréhension dans le camp japonais. L’entraîneur de Sara Takanashi a expliqué à la chaîne NHK que les officiels avaient estimé que la combinaison de la sauteuse était trop large au niveau des cuisses. Mais elle avait utilisé la même en qualification.
A la Fédération internationale de ski (FIS), la réponse se veut très formelle. L’une de ses représentantes, Aga Baczkowska, a expliqué à la chaîne norvégienne NRK qu’il appartenait à chaque équipe de s’assurer que leurs combinaisons sont conformes aux règlement. « La combinaison de saut doit être ajustée au corps de l’athlète sur toute sa longueur« , a-t-elle précisé.
Une position défendue par la Fédération canadienne de ski, par la voix de l’une de ses officielles : « Les disqualifications peuvent exister dans notre sport. Que cela se produise aux Jeux olympiques montre simplement que les juges prennent les règles de façon stricte et rigoureuse. »
Sans doute. Mais le camp allemand ne partage pas cette version de l’affaire. Pour Horst Huttel, le directeur sportif, la compétition des Jeux de Pékin a été une « parodie« . « Mais une parodie qui ne me fait pas rire du tout« .
Résultat final : La médaille d’or pour la Slovénie, l’argent pour le Comité olympique de la Russie (ROC), le bronze pour le Canada. Les pays touchés par les disqualifications sont restés à l’écart du podium.