Les organisateurs chinois l’avaient annoncé avant le début de l’événement sans retenir une pointe de fierté : les Jeux de Pékin 2022 ne se disputeraient pas à huis clos. A la différence de Tokyo 2020, le public serait autorisé sur les sites. Tout juste avaient-ils précisé que les billets ne seraient pas vendus, mais distribués sous forme d’invitations.
Au 7ème jour des Jeux de Pékin, ce jeudi 10 février, la question du public reste aussi obscure que douteuse. Certes, le rendez-vous olympique ne répond pas exactement à la définition du huis clos. Mais il s’en rapproche de très près.
A la veille de l’ouverture, un porte-parole du comité d’organisation avait avancé, en lisant attentivement ses notes, que 150.000 spectateurs seraient présents sur les différents sites pendant la durée des Jeux. Le chiffre avait semblé colossal. Et même suspect après que le même porte-parole ait précisé que ce total correspondait à environ la moitié des places disponibles pour le grand public.
Depuis, une visite sur les lieux de compétition, entre Pékin, Yanqing et Zhangjiakou, contredit sans doute possible cette prédiction des organisateurs. A Yanqing, où sont rassemblées les pistes de ski alpin et celle de bobsleigh, luge et skeleton, les spectateurs ne sont pas autorisés. Ailleurs, le huis clos n’est pas imposé, mais le public se révèle d’une extrême maigreur. Quelques dizaines de personnes ici, une centaine là, rarement plus d’un millier.
A l’exception de la cérémonie d’ouverture, où les organisateurs avaient invité 15.000 privilégiés, les compétitions se disputent devant des tribunes quasiment vides.
Le doute quant à la réalité des chiffres annoncés par le comité d’organisation a encore été renforcé, mercredi 9 février, par les réponses très évasives de son porte-parole. A la question du nombre de spectateurs enregistrés depuis la cérémonie d’ouverture, le Chinois a répondu : « Je n’ai pas le chiffre sous la main. Personnellement, il me sera difficile d’avancer un chiffre précis. »
Même nuage de fumée quant à la suite de la quinzaine olympique. Le porte-parole du comité d’organisation a assuré, une main sur le coeur, que le nombre d’invités serait revu à la hausse dans les prochains jours, « la situation sanitaire étant sous contrôle » au sein de la bulle olympique. Mais, encore une fois, il est resté évasif sur les chiffres. Interrogé sur le nombre de spectateurs prévus à la cérémonie de clôture, dimanche 20 février au Nid d’oiseau de Pékin, il a bafouillé une réponse : « A ce stade, le plan est temporaire, avec seulement quelques hypothèses. Nous devons examiner l’évolution de la situation« .
Quant à l’identité des spectateurs en question, elle reste elle aussi très obscure. Les organisateurs n’ont pas répondu aux questions des médias sur l’origine des rares privilégiés admis sur les sites. Et il s’avère impossible de leur poser directement la question, le public étant tenu très à l’écart de la famille olympique, dont les représentants des médias.
Seule certitude : assister en tribunes aux Jeux de Pékin ne requiert pas seulement d’avoir obtenu une invitation. Les spectateurs doivent présenter deux tests anti-COVID-19 négatifs avant de pouvoir entrer dans la bulle. Il leur faut également avoir renseigné les organisateurs sur leur état de santé au cours de la semaine précédente. Une fois leur épreuve terminée, ils doivent encore mesurer leur température et en informer le comité d’organisation pendant toute une semaine.