Les sanctions pleuvent sur la Russie. Elles tombent comme la grêle, depuis la décision du régime de Moscou d’envahir l’Ukraine. Déjà suspendu pour deux ans du mouvement olympique, le pays est désormais coupé du mouvement sportif international.
Le CIO a montré la voie. L’instance olympique a délaissé pour l’occasion sa sacro-sainte neutralité politique pour appeler, dès vendredi dernier, les fédérations internationales à annuler ou délocaliser tout événement prévu en Russie ou en Biélorussie. Elle a également demandé que les drapeaux de ces deux pays ne soient pas hissés et que leurs hymnes ne soient pas joués dans les compétitions internationales.
Depuis, le mouvement sportif fait corps pour relayer l’appel du CIO et isoler le régime russe. Une à une, les instances ont annoncé leurs sanctions. Elles s’avèrent souvent très radicales.
L’UEFA a été l’une des premières à riposter. Réuni en urgence, son comité exécutif a confirmé l’annonce d’un retrait à Saint-Pétersbourg de la finale de la Ligue des Champions. Elle est délocalisée à Paris, et se disputera au Stade de France. Mais la question de son partenariat avec Gazprom n’a pas encore été tranchée par l’UEFA. Elle figure à l’ordre du jour d’une nouvelle réunion du comité exécutif, prévue cette semaine.
Moins radicale, la FIFA a imposé à la Russie de jouer ses matches sous bannière neutre, sous le nom de Fédération russe de football, et de disputer ses rencontres à domicile en dehors du pays. Un minimum. Mais l’instance présidée par Gianni Infantino pourrait rapidement être contrainte d’aller plus loin. La Pologne, la Suède et la République tchèque, adversaires assuré ou potentiels de la Russie en barrage du Mondial 2022, ont fait savoir qu’elles ne rencontreraient pas l’équipe russe, même sur terrain neutre. « Peu importe le nom de l’équipe« , a insisté la Fédération polonaise de football.
La FIFA n’a pas encore tranché la question d’une possible exclusion de la Russie du Mondial 2022. Mais rien n’est impossible. L’instance explique qu’une « potentielle exclusion des compétitions sera appliquée dans un futur proche si la situation ne s’améliore pas rapidement ».
La Fédération internationale de ski (FIS) a annoncé l’annulation de toutes ses compétitions en Russie d’ici la fin de la saison, « dans l’intérêt de la sécurité de tous les participants« .
La Fédération internationale de biathlon (IBU) n’a pas tardé non plus à répondre à l’appel du CIO. Elle a décidé de bannir les hymnes et drapeaux russes et biélorusses sur les épreuves de la Coupe du Monde. Dans ces mêmes compétitions, le drapeau ukrainien sera systématiquement hissé, même en l’absence de ses athlètes, contraints de déclarer forfait pour la fin de la saison.
En escrime, le mouvement de solidarité à l’Ukraine a été initié par les athlètes eux-mêmes. Les escrimeurs ukrainiens ont décidé de se retirer de la Coupe du Monde de fleuret par équipes au Caire, dimanche 27 février, avant d’affronter les Russes. Ils ont brandi des pancartes portant les mentions, écrites en anglais : « Arrêtez la Russie ! Arrêtez la guerre ! » ; « Sauvez l’Ukraine ! Sauvez l’Europe. »
La Fédération internationale d’escrime (FIE), de son côté, n’a pas encore annoncé de sanctions directes contre la Russie. Et pour cause, puisqu’elle est présidée par le milliardaire russe Alisher Usmanov, un proche de Vladimir Poutine. Sa présence à la tête de l’instance pourrait rapidement devenir embarrassante pour le monde de l’escrime.
Autre instance présidée par un Russe : l’IBA. L’a Fédération internationale de boxe, dirigée depuis l’an passé par Umar Kremlev, avance elle aussi prudemment sur le terrain des sanctions. Elle s’est bornée à annoncer qu’elle « envisageait de reprogrammer la Global Boxing Cup, qui devait se tenir en juin 2022 en Russie. » La question sera examinée par le conseil d’administration de l’IBA lors de sa prochaine réunion.
La Fédération internationale de tir (ISSF) est, elle aussi, présidée par un Russe, Vladimir Lisin. Mais elle a déjà décidé de retirer à Moscou l’accueil des championnats d’Europe 2022. Ils doivent se tenir au mois d’août. L’instance annonce également qu’elle pourrait en faire de même pour les Mondiaux 2023, prévus également à Moscou, si la situation ne s’améliorait pas.
Attentisme, en revanche, à la FIVB. Certes, l’instance mondiale du volley-ball a décidé de retirer à la Russie l’organisation des matches de la phase de groupe de la Ligue des Nations. Cette décision concerne les compétitions féminine, prévue initialement à Oufa du 28 juin au 3 juillet, et masculine à Kemerovo du 5 au 10 juillet.
Mais la FIVB n’a pas encore annulé ou déplacé le Mondial masculin, qui doit se tenir en Russie du 26 août au 11 septembre 2022. Le tournoi semble pourtant très menacé. La France, championne olympique à Tokyo, a annoncé par la voix de sa fédération (FFVB) que son équipe ne participerait pas au Mondial s’il était maintenu en Russie.
La FINA a déjà revu son calendrier international. L’instance de la natation annonce que le match de la Ligue mondiale de water-polo masculin entre la Russie et la Grèce, le 8 mars, n’aura plus lieu comme prévu à Saint-Pétersbourg. Les séries mondiales de natation et de plongeon artistiques, prévues à Kazan du 8 au 10 avril, sont annulées. Même scénario pour les championnats du monde juniors de natation (23 au 28 août), eux aussi annulés.
Au cours des dernières heures, la Russie a également perdu l’accueil des Mondiaux juniors de squash, qui devaient se tenir du 9 au 20 août 2022 à Saint-Pétersbourg. Ils seront délocalisés. Elle pourrait également se voir retirer prochainement ses trois épreuves du calendrier international de l’ICF, l’instance mondiale du canoë-kayak.
Annulée, également, la prochaine édition de SportAccord. Elle devait se tenir du 15 au 20 mai 2022 à Ekaterinburg. Le comité exécutif de SportAccord a décidé, à l’unanimité, de la rayer du calendrier, sans annoncer de plan B.