Un mois jour pour jour après les Jeux olympiques d’hiver de Pékin, une flamme va s’éclairer ce vendredi 4 mars au Nid d’Oiseau de la capitale chinoise. La cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques occupera le terrain abandonné un peu moins de deux semaines plus tôt par le rendez-vous olympique. Fait rarissime, le moment le plus attendu de la soirée ne sera pas l’allumage du flambeau. Mais un discours, celui du président du Comité international paralympique (IPC), le Brésilien Andrew Parsons.
Jeudi 3 mars, à la veille de l’ouverture, l’IPC a surpris son monde en opérant un virage à 180° dans sa position sur l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Moins de vingt heures après avoir annoncé que les athlètes russes et biélorusses seraient autorisés à participer aux épreuves, l’instance a fait volte-face. Elle a exclu les deux délégations. Les Jeux paralympiques s’ouvriront ce vendredi 4 mars avec la présence de 46 pays. La veille, ils étaient encore 48 à préparer leur tenue pour le défilé des athlètes.
Sa première décision, peu attendue et très controversée, l’IPC l’avait justifiée par ses statuts et ses fondements. Andrew Parsons avait évoqué la neutralité politique. Il avait cité la nouvelle constitution de l’IPC, adoptée l’an passé en assemblée générale. Jeudi, le Brésilien a expliqué le revirement de l’organisation paralympique par des raisons nettement plus pragmatiques. Il a parlé d’un possible boycott de la part des pays mécontents. Il a suggéré que l’ambiance dans les villages des athlètes était devenue peu sûre, voire dangereuse pour les compétiteurs.
« Des équipes et des athlètes menacent à présent de ne pas participer, compromettant les chances de réussite des Jeux paralympiques d’hiver de Pékin 2022, a assuré l’IPC dans un communiqué. La situation dans le village des athlètes se détériore et garantir leur sécurité est devenu impossible« .
Un boycott ? Mercredi 2 mars, les délégations avaient été nombreuses à fustiger la décision de l’IPC d’accorder aux Russes et Biélorusses le statut de neutralité. En tête de liste, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, la Suisse et les Etats-Unis. Aucune n’avait pourtant menacé de retirer ses athlètes. Il semble que la pression se soit accentuée, au cours des heures suivantes, jusqu’à contraindre l’IPC à revenir sur sa décision initiale et sérieusement écorner son image.
Quant à l’ambiance parmi les athlètes, le chef de mission de la Fédération paralympique allemande, Karl Quade, en a donné un aperçu mercredi en confiant aux médias : « Le plus pénible pour moi, ça a été d’entendre l’explosion de joie dans le pavillon des Russes à côté du nôtre lorsque M. Parsons a annoncé la décision. »
Pour Andrew Parsons, les Jeux paralympiques de Pékin 2022 débutent comme un cauchemar. Mercredi, le Brésilien a dû justifier la décision de l’IPC de ne pas sanctionner les athlètes russes et biélorusses. Le lendemain, il lui a fallu opérer un grand écart et trouver les bons mots pour expliquer aux 83 engagés des deux pays le revirement de son instance. « Nous sommes désolés que vous soyez concernés par les décisions que vos gouvernements ont pris la semaine dernière, a-t-il déclaré en conférence de presse. Vous êtes les victimes des actes de vos gouvernements. »
Sans surprise, la volte-face de l’IPC a provoqué des réactions contraires dans les camps russe et ukrainien. Valeriy Sushkevych, le président du comité paralympique ukrainien, a tenu à adresser un « grand merci » à l’IPC pour avoir inversé sa décision. Il a parlé de « miracle » à l’évocation du périple de la délégation pour rejoindre Pékin « Beaucoup de membres de notre équipe ont eu des difficultés à échapper aux bombes. Nous voulons maintenant défendre notre pays avec l’ensemble de la communauté sportive internationale« .
A Moscou, les autorités russes ont évoqué de leur côté « une situation monstrueuse, une honte« . Le ministre russe des Sports, Oleg Matytsin, a annoncé son intention de déposer en urgence un recours devant le TAS. Avec l’objectif d’annuler l’exclusion « avant la cérémonie d’ouverture« .