Saisissant. Aux Jeux paralympiques de Pékin, deux pays dominent le classement des médailles, alors que l’événement a dépassé la mi-parcours. Deux nations qu’il était difficile d’imaginer, pour des raisons très différentes, en position aussi flatteuse.
Longtemps pointée du doigt comme un modeste parmi les modestes aux Jeux paralympiques d’hiver, la Chine mène la course. A la mi-journée, ce mercredi 9 mars, elle comptait le total de 27 médailles, dont huit en or. Bluffant. Un rang derrière, l’Ukraine affiche un résultat collectif à peine moins spectaculaire : 17 médailles, dont six en or. Les Ukrainiens ont raflé neuf des 18 médailles distribuées mardi 8 mars au biathlon. Ils ont réalisé deux triplés dans cette discipline.
A quatre jours de l’ouverture, la semaine passée, le président de l’IPC, Andrew Parsons, se montrait encore peu confiant quant aux chances de la délégation ukrainienne de rallier la capitale chinoise. « Un défi immense« , reconnaissait le dirigeant brésilien.
Les Ukrainiens l’ont relevé. Ils ont défilé à la cérémonie d’ouverture. Puis ils ont enfilé leurs tenues de compétition. Depuis, le résultat se passerait presque de commentaires. Habités par une motivation encore décuplée par l’invasion de leur pays, les athlètes ukrainiens répondent à l’agression russe avec leurs armes : la détermination, la rage de vaincre, la performance.
Mardi 8 mars, le podium du demi-fond masculin pour mal-voyants, l’une des épreuves du biathlon, a été squatté par trois athlètes ukrainiens. Un triplé. Sur la troisième marche, Dmytro Suiarko (photo ci-dessus, à gauche, avec son guide Oleksandr Nikonovych). L’Ukrainien a tenu sa médaille avec des gestes prudents. Puis il a raconté sa course.
« Je suis heureux, bien sûr, mais vous connaissez la situation en Ukraine, a-t-il expliqué après la compétition au service d’information olympique de Pékin 2022. Dans la dernière boucle, il m’a fallu refaire un retard de 10 secondes car j’avais manqué deux cibles sur le pas de tir. Dans notre épreuve, la concentration doit être totale. La mienne ne l’était pas aujourd’hui. La veille, j’avais appris que ma maison, celle où j’habitais en Ukraine avant les Jeux paralympiques, a été détruite par les bombes. Même avec une médaille autour du cou, je ne peux pas me sentir vraiment heureux. »
Dmytro Suiarko réside à Chernihiv, une ville située à environ 150 km au nord de Kiev. Ses bâtiment sont bombardés depuis près de deux semaines. Un quartier résidentiel a été la cible des attaques en fin de semaine passée. Selon les autorités ukrainiennes, les bombardements ont causé la mort de plusieurs dizaines de personnes.
Le podium, Anastasiia Laletina n’en a rien vu. La jeune biathlète ukrainienne était pourtant engagée dans la compétition, mardi 8 mars, avec des chances solides de médaille dans l’épreuve de demi-fond assis. Mais elle a renoncé à se présenter au départ. Elle n’a pas pu.
Une porte-parole de la délégation ukrainienne l’a confirmé aux médias : Anastasiia Laletina avait appris avant le début de sa compétition que son père, un soldat de l’armée ukrainienne, a été fait prisonnier par les forces russes. Il aurait été battu par les soldats de l’armée russe.
La jeune athlète, seulement âgée de 19 ans, n’a tout simplement pas trouvé la force de prendre le départ. Elle serait restée au village de Zhangjiakou, soignée par un médecin de la délégation.