Un nouvel acteur dans la sphère francophone du mouvement sportif international. L’Alliance francophone d’escrime (AFE) a tenu sa réunion de lancement en fin de semaine passée à Paris (10 au 12 mars). La première occasion de rassembler, en présentiel ou à distance, les représentants des 12 fédérations nationales fondatrices : France, Monaco, Suisse, Belgique, Luxembourg, Maroc, Tunisie, Sénégal, Côte d’Ivoire, Togo, Madagascar et Canada.
Quels enjeux pour l’AFE ? Quelles ambitions ? Sylvie Le Maux, sa présidente, a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Quel était l’objectif de cette première réunion de l’Alliance francophone d’escrime ?
Sylvie Le Maux : Il s’agissait avant tout de nous retrouver, toutes les fédérations fondatrices, pour poser, définir et écrire les projets que nous voulons mener ensemble à court et moyen termes. Il ne s’agissait pas d’une assemblée générale, mais d’une réunion de lancement. L’objectif de l’AFE est clair : développer la pratique de l’escrime dans l’espace francophone. Cela passe par des actions concrètes. Nous en avons déterminé les principales au cours de ces trois jours passés ensemble à Paris.
Laquelle des ces actions avez-vous placée en tête de liste ?
L’entrée de l’escrime au programme des Jeux de la Francophonie. La prochaine édition a été reportée d’une année. Elle se déroulera en 2023 en République démocratique du Congo. Aujourd’hui, l’escrime n’y figure pas. Nous allons déterminer un format de compétition très allégé, plus proche d’un show que d’une épreuve traditionnelle, puis rédiger en quelques pages un cahier des charges. Nous le proposerons au Comité international des Jeux de la Francophonie (CIJF). Nous sommes intéressés par une entrée dans le programme officiel, ou comme sport de démonstration. Ce projet est porté par la Tunisie. Si cela ne se faisait pas, nous travaillerions alors à la création d’une compétition francophone d’escrime. Mais, là aussi, avec la volonté de proposer un format nouveau. Nous voulons innover, pas seulement rajouter une épreuve de plus au calendrier international.
Qu’en est-il de la place de la langue française dans l’escrime ?
Elle est coeur de notre deuxième projet, porté par le Luxembourg : la rédaction d’un dictionnaire francophone de l’escrime. Le français est la langue des assauts. Il est ancré dans l’histoire et la culture de l’escrime. Mais les règlements, notamment, sont tous en anglais, pour les compétitions et l’arbitrage. Proposer une version en français serait un plus pour les acteurs francophones de notre sport.
A moins de 900 jours des Jeux de Paris 2024, avez-vous évoqué l’événement et l’importance qu’il pourrait avoir pour l’AFE ?
Bien sûr. Mais, encore une fois, nous cherchons à être pratiques et pragmatiques. Le COJO Paris 2024 propose, dans son catalogue des Centres de préparation aux Jeux (CPJ), 69 sites pour l’escrime. A la Fédération française d’escrime (FFE), nous avons signé des partenariats avec 22 sites, dont l’immense majorité est évidemment issue du catalogue des CPJ. Nos équipes de France se rendent régulièrement dans les villes où sont situés ces 22 équipements. Les pays francophones pourront être mis en contact, via l’AFE, avec ces villes partenaires pour organiser leurs stages d’avant Jeux, en 2022, 2023 et 2024.
Quelle position allez-vous adopter vis à vis de la Fédération internationale d’escrime (FIE) ?
Nous voulons être un acteur de l’escrime internationale d’ici les Jeux de Paris 2024. Nous souhaitons donc être reconnus par la FIE, pour peser, être consultés, être partenaires sur des projets. Mais pour cela, nous devrons être plus nombreux. L’AFE a été créée par 12 fédérations fondatrices, sur trois continents, mais nous en avons déjà identifié près d’une dizaine d’autres qui pourraient rapidement nous rejoindre. On peut citer le Cameroun, le Niger, Le Liban, l’Albanie ou encore la Roumanie. Dans les deux mois à venir, nous pouvons être une vingtaine. Nous nous retrouverons au mois de juillet au Caire, à l’occasion des championnats du monde. Nous avons déjà pris la décision d’organiser tous les ans une assemblée générale, mais aussi de nous rassembler régulièrement en marge des rendez-vous internationaux. Les acteurs francophones de l’escrime veulent peser et être entendus.