Qu’on se le dise : le COJO Paris 2024 ne se refuse pas certains effets de surprise. Jeudi 24 mars, Tony Estanguet et son équipe ont démontré leur goût pour l’inattendu par un communiqué de presse publié en milieu d’après-midi. Il annonce en termes choisis un brusque virage en épingle à cheveux dans l’épineux dossier de la salle de basketball des prochains tournois olympiques, masculin et féminin.
Contre toute attente, donc, le COJO Paris 2024 a cédé. Il a balancé aux orties le Hall 6 du Parc des Expositions de la porte de Versailles, au sud de la capitale, choisi en fin d’année 2020 comme site des deux phases préliminaires. La décision a été prise conjointement par le comité d’organisation et par l’instance internationale de la discipline, la FIBA.
Les deux parties expliquent dans un communiqué commun « ne pas retenir l’Arena Paris Sud 6 (Hall 6 de la Porte de Versailles) pour organiser la phase préliminaire des compétitions de basketball masculin et féminin des Jeux Olympiques de Paris 2024″. Elles précisent avoir pesé et soupesé la questions à plusieurs reprises, multipliant les réunions pour tenter de résoudre le problème.
« Mais les résultats des dernières études techniques ont conduit Paris 2024 et la FIBA à ne pas conserver le Hall 6 du site de la Porte de Versailles, en raison des spécificités propres à la pratique du basketball », poursuit le communiqué.
Les raisons seraient techniques. Selon plusieurs sources, le hall en question cumulait les inconvénients. Trop bas de plafond (9 m), mal ventilé, humide et mal éclairé. Il n’aurait pas pu être équipé du bloc central suspendu au-dessus du terrain, où sont affichés le temps et le score. Plus grave : l’éclairage aurait risqué d’éblouir les joueurs, selon certains angles, au moment de shooter vers le panier.
Au-delà des raisons purement techniques, l’abandon du site choisi par le COJO depuis près d’une année et demie s’explique aussi par la polémique des dix derniers jours. Plusieurs joueurs français, vice-champions olympiques l’été dernier à Tokyo, ont critiqué le choix des organisateurs, sans pour autant connaître les lieux.
« Comment peut-on accepter de voir le basket, le sport collectif le plus populaire aux JO, être envoyé dans le parc expo? Plafond trop bas, salle pas adaptée« , a tweeté Evan Fournier, l’arrière des New York Knicks. « Je ne vais pas jouer dans une salle où je me cogne la tête quand je shoote, donc ça n’a pas de sens« , a suggéré Rudy Gobert, l’intérieur des Utah Jazz.
Derrière les mots, volontiers excessifs, se devine la volonté des joueurs de peser sur une décision qu’ils jugent indigne de leur statut. Evan Fournier, notamment, ne s’est pas privé de mentionner sur les réseaux sociaux que le hall en question servait tous les ans au Salon de l’Agriculture.
La semaine passée, le directeur des Sports de Paris 2024, Jean-Philippe Gatien, assurait pourtant ne pas envisager de plan B. Quant à Tony Estanguet, il avait répété en début de semaine à Marseille que « globalement, les choses avancent plutôt bien. Nous sommes régulièrement en contact avec la FIBA. On a un certain nombre de réunions cette semaine pour continuer à améliorer le dossier du basket.” Dans les deux cas, les propos laissaient peu envisager un tel retournement de situation.
Le COJO a-t-il fini par céder devant l’ampleur de la polémique, ou a-t-il préféré se ranger du côté des athlètes et se mettre en recherche d’une salle plus en phase avec leurs attentes ? Les deux, sans doute.
A moins de 900 jours des Jeux de Paris 2024, il reste maintenant aux organisateurs parisiens à dénicher une solution de repli. Une salle capable d’accueillir au moins 8.000 personnes et, surtout, répondant aux espérances de la FIBA et des joueurs, désormais en position de force. Pas simple.
L’option la plus immédiate, au moins sur le papier, serait de loger la totalité des deux tournois de basket à l’AccorArena de Bercy, où doit se tenir la phase finale. Problème : le site parisien est déjà occupé par la gymnastique, un mastodonte des Jeux olympiques, notamment côté américain. Déloger les gymnastes pour faire de la place aux basketteurs aurait pour seul effet d’étouffer un problème pour en allumer un autre.
Même scénario avec la future Arena de la porte de la Chapelle, en construction dans le nord de Paris. Elle est prévue pour le badminton.
La province ? Les villes d’Orléans et de Lyon ont déjà fait acte de candidature. Elles pourraient représenter une solution de repli à faible coût. Mais le COJO s’est attiré les foudres du handball français en choisissant de délocaliser le tournoi olympique à Lille, à deux heures de route de la capitale. Comment réagiraient Evan Fournier, Rudy Gobert et les autres stars de la NBA à la perspective de vivre les Jeux de Paris 2024 depuis Lyon ou Orléans ?