Les Rencontres internationales des grands événements sportifs (RIGES) s’exportent. Sans surprise, elles le font en Afrique. Après huit éditions en France, la manifestation organisée par Business France plantera son décor les 17 et 18 mai 2022 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Arnaud Pellichero, conseiller référent sport à Business France, en a expliqué à FrancsJeux les enjeux, les temps forts et les perspectives.
FrancsJeux : Après huit éditions en France, pourquoi organiser cette année les premières RIGES en Afrique ?
Arnaud Pellichero : Le point de départ des RIGES Afrique a été une rencontre, celle du ministre des Sports de Côte d’Ivoire, Claude Paulin Danho. Grand habitué de notre manifestation, il nous a rendu visite à Business France à la fin de l’année 2021, Il a exprimé sa volonté et celle du Premier ministre d’organiser une édition prochaine à Abidjan, avec 10 pays africains invités (Algérie, Bénin, Cameroun, Congo Brazzaville, Gabon, Maroc, Rwanda, Sénégal, Togo, Tunisie). Cette volonté du ministre ivoirien des Sports est arrivée au bon moment, alors que nous avons organisé plusieurs missions collectives en Afrique, dont la dernière en date, en septembre 2021 au Sénégal, a rassemblé une vingtaine d’entreprises françaises de la filière sport. Les collaborations existaient donc déjà. Nous réalisons également une veille sport sur l’Afrique subsaharienne pour le ministère des Sports et la Filière Sport.
Quels seront les temps forts de cette édition en Côte d’Ivoire ?
Les RIGES Afrique se dérouleront sur deux journées, les 17 et 18 mai 2022. Deux journées d’échanges, de rencontres, de tables rondes… Nous attendons 300 à 400 participants, représentants des institutions, fédérations sportives, ligues professionnelles, comités d’organisation… L’occasion sera donnée aux entreprises françaises de se présenter, via des pitch et des rencontres ciblées. Les RIGES Afrique seront également marquées par des discussions sur l’héritage des grands événements sportifs, sur les Jeux de la Jeunesse 2026 à Dakar, mais aussi sur la question cruciale du financement. Il est également prévu des rendez-vous individuels pour les entreprises françaises membres de la délégation. Enfin, les sessions se termineront par une visite de sites sportifs à Abidjan.
L’Afrique a obtenu l’organisation de grands événements à venir, dont les JOJ 2026 à Dakar et les Mondiaux de cyclisme sur route 2025 au Rwanda. Elle est également candidate, avec le Kenya, aux Mondiaux d’athlétisme en 2025. Est-ce le signe d’une nouvelle volonté du continent de jouer un rôle majeur dans le mouvement sportif international ?
On sent en effet une dynamique forte dans un nombre grandissant de pays africains. Le sport est ancré dans la culture, mais il est aujourd’hui également devenu un outil de développement. Au Sénégal, par exemple, le gouvernement a continué à augmenter le budget des sports malgré la crise sanitaire. Une ambitieuse politique de rénovation ou construction d’équipements sportifs a été mise en place. Cent millions d’euros d’investissements ont déjà été alloués. Un stade de 50.000 places a récemment été inauguré dans la banlieue de Dakar. Le phénomène se mesure à l’échelle du continent, avec une volonté de recevoir des événements non plus seulement africains, mais mondiaux. L’Afrique du Sud organisera les Mondiaux de tennis de table en 2023, puis elle sera associée à la Namibie et le Zimbabwe pour co-organiser la Coupe du Monde de cricket en 2027. Quant à l’Egypte, elle a exprimé sa volonté de se porter candidate aux Jeux olympiques en 2036.
Le développement de la pratique sportive s’inscrit-il dans la même dynamique ?
Oui. Les Africains ont toujours beaucoup suivi les grands événements sportifs. Aujourd’hui, cette passion de la population pour le sport et ses champions s’accompagnent d’un développement très marqué de la pratique, notamment chez les jeunes. Ils se projettent de plus en plus vers le haut niveau. Au Sénégal et en Côte d’Ivoire, notamment, les installations en plein air sont de plus en plus nombreuses à être accessibles au public.
Que représente aujourd’hui l’Afrique pour les entreprises françaises du secteur sportif ?
Un marché cible au potentiel très important. Mais le phénomène n’est pas nouveau. Il existe depuis plusieurs années. L’Afrique a toujours été une zone géographique très présente aux RIGES. Avec l’édition 2022 à Abidjan, les entreprises françaises de la filière sport auront l’opportunité de se positionner sur des marchés à venir, notamment la Coupe d’Afrique des Nations de football en Côte d’Ivoire en 2023, les Jeux de la Solidarité islamique au Cameroun en 2025, et bien sûr les Jeux de la Jeunesse en 2026 à Dakar. Elles vont pouvoir rencontrer les décideurs et présenter leur savoir-faire.
Cette première édition des RIGES hors de France en appellera-t-elle d’autres ?
Oui. Après huit éditons en France, les RIGES sont désormais connues à l’étranger. Leur format peut être dupliqué ailleurs dans le monde. L’Amérique du Nord constitue une zone géographique au fort potentiel dans la perspective du Mondial de football 2026 et des Jeux de Los Angeles en 2028. L’Australie, également, avec les Jeux de Brisbane en 2032. L’un de ses états, la Nouvelle-Galles-du-Sud, a exprimé son ambition d’accueillir dix Mondiaux ou Coupes du Monde au cours des dix prochaines années. Nous avons d’ailleurs prévu une mission en Australie en septembre 2022 pour positionner les entreprises françaises.