Très fort. Gianni Infantino est décidément très fort. Le président de la FIFA a profité du congrès annuel de l’instance internationale du football, jeudi 31 mars à Doha, pour annoncer sa candidature à un troisième mandat. Et désamorcer la bombe qui aurait pu lui exploser à la figure.
Le dirigeant italo-suisse a pris les devants en se déclarant candidat à sa réélection, prévue lors du congrès électif en début d’année 2023. « Je briguerai ma réélection« , a-t-il annoncé devant les délégués des 211 fédérations membres de la FIFA. Une annonce qui a recueilli les applaudissements de l’assistance.
A ce stade de la course, Gianni Infantino est le seul candidat. Sauf séisme dans le monde du football, il devrait le rester. Elu pour la première fois en 2016, en plein scandale de corruption après les années Sepp Blatter, l’ancien juriste de 52 ans avait été reconduit sans la moindre opposition en 2019.
Depuis, le président de la FIFA a secoué la planète football en sortant l’an passé de son chapeau un projet aux allures de révolution : un Mondial de football tous les deux ans. Une bombe, rien de moins.
A l’UEFA, le président slovène Aleksander Ceferin en est tombé de sa chaise. En Amérique du Sud, le Conmebol a exprimé la même défiance face à un projet qui aurait pour conséquence de menacer certains tournois majeurs du calendrier, dont l’Euro, voire la Copa America.
Même hostilité dans le mouvement olympique, où le CIO s’est exprimé au nom de tout le monde en dénonçant une initiative de la FIFA directement concurrente des Jeux d’été à partir de 2028.
A en croire plusieurs rapports présumés indépendants, un Mondial toutes les années paires gonflerait les caisses du football planétaire de la somme de 4,4 milliards de dollars. Pas mal.
Mais, malin, Gianni Infantino a assuré le jour même où il annonçait sa nouvelle candidature, jeudi 31 mars, que le projet d’un Mondial une année sur deux n’en était pas vraiment un. Tout au plus une idée.
« Laissez-moi être très clair : la FIFA n’a pas proposé un processus bisannuel, a assuré Gianni Infantino à Doha. Le dernier congrès de la FIFA a transmis à l’administration un vote, avec 88 % de voix favorables, pour étudier la faisabilité d’une Coupe du Monde tous les deux ans. L’administration de la FIFA, sous la direction d’Arsène Wenger, a alors commencé une étude de faisabilité…. La FIFA ne l’a pas proposée. Elle a conclu que c’était faisable, que cela aurait quelques répercussions et impacts. »
Aux oubliettes, donc, le projet préparé par Arsène Wenger ? Dans l’immédiat, sûrement. La FIFA devrait le conserver au chaud au moins une année, jusqu’à la réélection de son président.
Pour la suite, rien n’est certain. Gianni Infantino l’a expliqué : une phase de consultation et de discussion va maintenant débuter. Le dirigeant italo-suisse annonce qu’elle sera marquée par une recherche de compromis, en écoutant les uns et les autres, dont les ligues, les clubs et les joueurs. « Nous allons essayer d’avoir un débat et une discussion pour trouver ce qui convient le mieux à tout le monde. Parce que tout le monde doit en profiter, a insisté Gianni Infantino devant le congrès. Positif, négatif ou neutre, chaque retour est ce qui est important dans cette discussion, et je suis fier que le football des équipes nationales soit de nouveau à l’ordre du jour. »
Gianni Infantino a aussi pu rouler des mécaniques à l’annonce du chiffre d’affaires de la FIFA. Il devrait atteindre voire dépasser la barre symbolique des 7 milliards de dollars (6,3 milliards d’euros) pour la période 2019-2022. Malgré les effets de la pandémie, un résultat record, très supérieur aux attentes (6,44 milliards de dollars).
Avec un tel bilan, une opposition atone et un sens politique aiguisé, Gianni Infantino peut attendre la prochaine élection sans craindre pour la quiétude de ses nuits.