A un peu plus de sept mois du choix du CIO, prévu le 7 septembre 2013 à Buenos Aires, FrancsJeux se penche sur les dossiers des trois villes candidates. Leurs forces, leurs faiblesses, leur portée historique et le pois de leur passé… Une revue de détails ouverte avec le premier des trois postulants, selon l’ordre alphabétique : Istanbul, capitale de la Turquie.
Economie – L’un des atouts majeurs dans le jeu d’Istanbul. Fin 2012, l’économie stambouliote a atteint un niveau record depuis la création en 1985 de l’Istanbul Stock Exchange. Sur l’ensemble de l’année, le PIB turc a connu une croissance de 5,2%, soit trois fois et demie plus que la moyenne européenne. La Turquie ne connait pas la crise. Sa capacité à assumer l’investissement olympique, annoncé à 5 milliards de dollars, pour les sites sportifs uniquement, ne fait aujourd’hui aucun doute.
Leaders – Istanbul 2020 est dirigée, depuis le mois de mai dernier, par Hasan Arat. Cet ancien basketteur de haut niveau, reconverti avec succès dans l’immobilier, siège à la vice-présidence du Comité national olympique turc. Il a longtemps partagé les rênes du dossier avec Ugur Erdener, le plus connu des dirigeants sportifs en Turquie, qui cumule les mandats de président du CNO, de la Fédération internationale de tir à l’arc et de membre du CIO. Le rôle de ce dernier sera moins visible au cours des sept derniers mois de campagne, mais son influence reste décisive.
Symbolique – L’une des forces d’Istanbul. Peut-être son meilleur atout. La capitale turque présente une triple symbolique : deux continents (Europe et Asie), deux civilisations (Europe et Occident), trois religions (christianisme, islam et judaïsme). En choisissant Istanbul, le CIO offrirait les Jeux d’été de 2020 à « l’endroit ou deux mondes se rejoignent. »
Soutien – Début janvier, la candidature turque assurait bénéficier du soutien de 73% des habitants de la ville. Un score plus élevé que ses deux concurrentes. Dans son dossier, déposé au siège du CIO, figurent des lettres de soutien du Premier ministre, de l’Assemblée nationale, du gouverneur et du maire d’Istanbul.
Passé – A la différence de l’Espagne et du Japon, la Turquie n’a jamais accueilli les Jeux d’été. Une particularité considérée comme un atout pour Istanbul, au regard de la volonté du CIO de conquérir de nouveaux territoires. Cette candidature est la cinquième consécutive pour la capitale turque, après 2000, 2004, 2008 et 2012. Elle est, de très loin, la plus solide. Pour la seule année 2012, la Turquie a organisé, avec succès, les Mondiaux en salle d’athlétisme, ceux de natation en petit bassin, le Masters féminin de tennis, le Final Four de l’Euroleague de basket-ball.
Alternance géographique – « A Istanbul, le soleil se lève chaque jour sur l’Europe et l’Asie en même temps. Cela n’arrivera jamais ailleurs », répète Hasan Art pour mettre en avant le caractère unique de la candidature turque, à cheval sur deux continents. Une position unique qui pourrait, en cas de succès d’Istanbul 2020, jouer un rôle dans la course aux Jeux d’été de 2024. Européens et asiatiques pourraient en effet y aller sans craindre d’avoir à surmonter complètement l’obstacle de l’alternance géographique.
Faiblesses – Dans son rapport initial, le CIO a relevé deux points noirs : la lenteur des transports, pour une ville de 16 millions d’habitants, et la proportion élevée de sites de compétition à construire (25 sur 36). Avec un troisième pont sur le Bosphore en 2015, un RER sous marin pour relier les deux rives, et un nouvel aéroport d’ici 2 ans, les Turcs balaient l’handicap des transports. Ils assurent également avoir l’argent nécessaire à la construction des infrastructures. Il leur faudra également résoudre une épineuse question géopolitique : le conflit entre la Turquie et la Syrie. Longtemps allié de Bashar el-Assad, le gouvernement turc soutient désormais l’opposition au régime. Le pays a offert exil et protection à environ 15 000 réfugiés syriens.
L’avis de Francsjeux – Longtemps montré du doigt comme un lointain outsider, Istanbul aborde sa cinquième campagne olympique avec une allure et des manières de vainqueur en puissance. La jeunesse de sa population, la vitalité de son économie, sa capacité désormais incontestable à organiser des évènements sportifs planétaires, constituent autant d’atouts dans son jeu. La Turquie peut aussi compter sur une forme d’exotisme (un pays, deux continents), susceptible de séduire le CIO. Son défi : faire en sorte que sa position unique entre Europe et Asie, présentée comme un avantage, ne se transforme pas en handicap.