Les Chinois auraient-ils déjà réussi leur pari ? Possible. Un mois seulement après la fin des Jeux d’hiver de Pékin 2022 (4 au 20 février pour l’événement olympique, 4 au 13 mars pour la version paralympique), l’ambition du régime chinois de transformer le pays en un géant des sports d’hiver semble déjà une réalité.
La crise sanitaire et la quasi absence des spectateurs sur les sites de compétition n’y ont rien changé : l’impact des Jeux d’hiver 2022 sur l’intérêt du public et la pratique des sports de neige et de glace en Chine est déjà mesurable. Il en impose.
Premier indice : les chiffres. Selon les données des autorités fiscales chinoises, l’industrie des sports d’hiver a connu au premier trimestre 2022 une poussée de croissance sans égale dans l’histoire. Pour le seul mois de mars, le premier de l’après Jeux olympiques, les vents d’articles de ski et patinage ont augmenté de 65 % dans le district de Chongli, où est situé le cluster de Zhangjiakou, site des épreuves de ski nordique, snowboard et ski acrobatique.
Pour le premier trimestre 2022, le chiffre d’affaires de l’industrie des sports d’hiver a enregistré une croissance de 35,2 % dans le même district de Chongli. A Yanqing, site des compétitions de ski alpin, la hausse a atteint 68,9 %.
Même poussée de croissance dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration. A Chongli, les résultats révèlent une hausse du chiffre d’affaires de 350 % par rapport à la même période en 2021.
Autre signe : la pratique. Les organisateurs chinois avaient assuré, avant les Jeux de Pékin, que les équipements dédiés aux compétitions olympiques et paralympiques seraient laissés en héritage pour favoriser un développement des sports d’hiver. Ils tiennent parole.
L’agence Xinhua annonce que le Centre aquatique national de Pékin, transformé en patinoire pour les Jeux d’hiver 2022, sera ouvert au public à partir du 16 avril. Il le restera pendant un mois.
Les visiteurs pourront découvrir l’Ice cube de l’intérieur, notamment les vestiaires des athlètes, la zone mixte et le podium. Ils auront également l’opportunité de s’essayer au curling. En échange d’un billet d’entrée de 90 yuans (13 euros), ils pourront même enfiler des chaussures spéciales, monter sur la glace et lancer six pierres, le tout sous la supervision d’un coach professionnel.
La même expérience pilote initiée par le promoteur du site propose des sessions collectives, destinées à des entreprises souhaitant motiver leurs salariés. Coût : 3500 yuans de l’heure (500 euros) pour la patinoire entière. La prestation inclut le matériel de curling, une équipe d’entraîneurs et un encadrement logistique.
Depuis la fin des Jeux d’hiver, les médaillés olympiques chinois ont été mis à contribution pour apporter leur voix et leur expérience à l’effort de promotion des sports d’hiver. Mercredi 13 avril, ils étaient une poignée à se presser sur le site de Shougang, à Pékin, utilisé quelques semaines plus tôt pour les épreuves de Big Air.
Parmi eux, Su Yiming (photo ci-dessus), premier médaillé d’or olympique chinois dans la discipline du ski acrobatique. Parfaitement préparé à l’exercice, le jeune athlète a joué sa partition sans fausse note. « Pendant longtemps, les snowboardeurs masculins chinois n’ont pas fait partie de l’élite mondiale, a-t-il expliqué aux jeunes fans réunis sur le site, en les incitant à tenter leur chance. Mais, grâce à mon travail acharné, je veux montrer que le snowboard chinois est désormais parvenu au meilleur niveau mondial. »
Commentaire de Liu Haitao, un fonctionnaire du district de Shijingshan, cité par le China Daily : « Grâce aux Jeux olympiques d’hiver de Pékin, la participation aux sports d’hiver est devenue une nouvelle tendance parmi nos citoyens. Chaque année, environ 50 % de notre population participe aux sports d’hiver« .
Avant même l’ouverture des Jeux de Pékin 2022, les autorités chinoises avaient assuré que plus de 346 millions de Chinois s’étaient essayés aux sports d’hiver, sous une forme ou une autre, depuis l’attribution en 2015 à la capitale chinoise des Jeux d’hiver 2022. Le chiffre avait semblé irréel. Il n’a sans doute pas fini d’augmenter.