Curieux hasard du calendrier. Pour la deuxième fois en deux ans, le maire de Londres, Sadiq Khan, a profité du début du mois de mai pour évoquer les Jeux olympiques. Pour la deuxième fois, il a clairement affiché son ambition de ramener l’événement dans sa ville. Avec une échéance : 2036 ou 2040.
La première fois, en mai 2021, Sadiq Khan avait annoncé qu’une candidature olympique constituerait l’une de ses priorités s’il était réélu à la mairie de Londres. « L’étude d’une candidature pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2036 ou 2040 serait la meilleure démonstration de mon objectif de bâtir un avenir meilleur pour la ville après la pandémie« , avait-il expliqué aux médias. Sadiq Khan était alors en pleine campagne électorale. Sa déclaration avait été prise au sérieux, certes, mais avec les réserves d’usage dans un tel contexte politique.
Mardi 10 mai, le maire de Londres a relancé le sujet. Cette fois, il s’est exprimé depuis New York, à l’occasion d’un événement organisé à Time Square dans le cadre d’une campagne touristique internationale, « Let’s Do London« , et de l’annonce du retour de la Major League Baseball (MLB) en Angleterre à partir de l’an prochain.
Sadiq Khan n’est plus en campagne. Son ambition de ramener les Jeux à Londres n’a donc plus rien d’une promesses électorale.
« Nous avons les installations à Londres, donc le coût ne serait pas énorme, a-t-il suggéré depuis New York. Et nous pourrions proposer les Jeux olympiques les plus verts de l’histoire« .
Maitrise des coûts, utilisation d’équipements déjà existants, durabilité : Sadiq Khan a parfaitement retenu les leçons de l’Agenda 2020 et de sa nouvelle version, 2020 + 5. En deux phrases, il en a résumé les fondements.
Le maire de Londres a même confié avoir déjà débuté les discussions avec le CIO. « Nous travaillons sur les plans préliminaires, nous discutons avec le CIO« , a-t-il ajouté. L’instance olympique n’a pas confirmé, mais sans non plus démentir l’existence d’un échange avec la capitale anglaise. « À ce stade du processus, tout contact avec une partie intéressée, quelle que soit la ville, resterait confidentiel« , a prudemment déclaré un porte-parole.
Même stratégie de la part du Comité olympique britannique (BOA). L’instance nationale assure ne pas encore être impliquée dans un tel projet. Elle devra pourtant l’être, à un moment ou un autre du processus de sélection.
Le maire de Londres insiste : « Nous tenons à nous assurer que les sports viennent à Londres, dont le baseball et le football américain. Nous avons la finale de la FA Cup ce samedi, Wimbledon est de retour… Les Jeux olympiques pourraient eux aussi revenir. »
Sadiq Khan n’en a jamais mystère : son projet olympique n’aurait pas seulement l’ambition de construire un « avenir meilleur« , il aurait aussi une dimension historique. En raflant la mise en 2036 ou 2040, Londres deviendrait la première ville à organiser les Jeux d’été à quatre reprises, après 1908, 1948 et 2012.
Pour un dirigeant politique, une telle marque dans l’histoire n’aurait rien d’anecdotique. Mais le dossier s’annonce plus complexe que veut bien le suggérer le maire de Londres. « Nous avons les installations à Londres, donc le coût ne serait pas énorme », a avancé Sadiq Khan mardi 10 mai à Londres. Pas faux. Mais pas non plus complètement exact.
Au moins deux des sites les plus emblématiques des Jeux de Londres 2012, le stade d’athlétisme et le centre aquatique, ont été reconfigurés depuis le rendez-vous olympique et paralympique. Leur capacité a été réduite. Ils devraient donc sans doute être rénovés.
Surtout, le village des athlètes ne serait plus disponible. Construit spécialement pour les Jeux en 2012 dans l’est de Londres, une zone alors peu urbanisée, il a été transformé en un quartier résidentiel de près de 3.000 logements. Les porteurs du projet londonien devront lui dénicher une alternative, mais sans faire flamber les coûts et en respectant la promesse du maire de proposer les Jeux « les plus verts de l’histoire« . Pas simple.