Hasard ou pas ? L’ancien boxeur ukrainien Wladimir Klitschko (photo ci-dessus, au centre), l’une des figures du sport dans son pays, a appelé mardi 17 mai le CIO a bannir les athlètes et équipes russes de toutes les grandes compétitions à venir. En priorité, les Jeux olympiques.
L’ex champion du monde des poids lourds l’a fait à la télévision, dans un talk show diffusé en Grande-Bretagne, en Australie et aux Etats-Unis, à la veille d’une réunion de deux jours de la commission exécutive de l’instance olympique. A trois jours d’une session du CIO où, troublante ambiguïté, les membres russes seront les bienvenus.
Wladimir Klitschko n’est pas le premier athlète venu. Champion du monde des poids lourds entre 2000 et 2003, puis entre 2006 et 2015, il a été l’une des voix les plus entendues depuis le début de l’invasion russe. Il s’est engagé dans l’armée de réserve ukrainienne aux premiers jours du conflit. Son frère aîné Vitali, entré en politique après sa carrière de boxeur (il a été lui aussi champion du monde des lourds), est le maire de Kiev depuis 2014.
« Le CIO devrait interdire dès maintenant l’équipe russe des Jeux, a expliqué Wladimir Klitschko dans l’émission Piers Morgan Uncensored. Avec la guerre en Ukraine, les Russes ne devraient pas pouvoir participer aux prochains Jeux olympiques, ni à aucun événement sportif. Cette guerre est menée par leur pays. Ils représentent leur pays. Les actions sont plus éloquentes que les mots. L’isolement parle plus fort que n’importe quel mot, l’isolement est douloureux. Il sera douloureux pour les athlètes, pour l’économie, et pour toute personne impliquée avec la Russie ».
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, à la fin du mois de février, le CIO n’est pas resté inactif. Sa commission exécutive a très officiellement « recommandé » aux fédérations internationales de bannir les athlètes russes et biélorusses de leurs compétitions. La recommandation de l’instance s’étend aux officiels des deux pays et aux événement organisés en Russie et en Biélorussie. Elle a été suivie par l’immense majorité des instances du mouvement olympique.
Le CIO a également lancé un fonds de soutien à la communauté olympique ukrainienne. Piloté par Sergey Bubka, il a déjà amassé plus de 2 millions de dollars.
Mais, dans le même temps, le CIO se refuse toujours à suspendre le comité national olympique russe (ROC). Il n’a pas non plus banni, même à titre temporaire, ses membres russes. Deux d’entre eux, Yelena Isinbayeva et Shamil Tarpishchev, sont membres actifs. Deux autres, Vitaly Smirnov et l’ex nageur Alex Popov, appartiennent au collège plus honorifique des membres honoraires.
« En vertu de la Charte olympique, les membres du CIO ne sont pas des représentants de leur pays au sein du CIO, se défend l’instance par la voix de son porte-parole. Ils sont au contraire élus à titre individuel, puis délégués comme ambassadeurs du CIO auprès des organisations sportives de leur pays. »
Yelena Isinbayeva et Shamil Tarpishchev seront donc autorisés à participer vendredi 20 mai, en présentiel ou à distance, à la troisième et dernière journée de la 139ème session du CIO, débutée puis poursuivie en février dernier à Pékin en marge des Jeux d’hiver 2022.
Plus tôt dans la semaine, la commission exécutive du CIO aura réuni ses membres pour deux jours de réunion, ce mercredi et jeudi 19 mai. A l’ordre du jour, notamment, la réponse à donner au conflit en Ukraine et la situation de la Fédération internationale de boxe (IBA), plus que jamais dans l’oeil du cyclone après la réélection à la présidence du Russe Umar Kremlev.
Thomas Bach et les autres membres de la commission exécutive répondront-ils à l’appel de Wladimir Klitschko ? Proposeront-ils à la session de bannir dès maintenant la Russie et la Biélorussie des Jeux de Paris 2024 ? Réponse dans les heures à venir.