Inquiétant ? A coup sûr. A moins de 800 jours des Jeux de Paris 2024 (J – 788 ce lundi 30 mai), le fiasco de la finale de la Ligue des Champions de football, samedi dernier au Stade de France, interroge et interpelle.
Au lendemain des scènes de chaos aux abords de l’enceinte francilienne, la polémique a pris de l’ampleur. Avec une double interrogation : quels sont les responsables, et quelles conséquences peut avoir cette faillite de l’organisation pour les Jeux de Paris 2024.
Les deux sujets seront débattus et discutés ce lundi matin au ministère des Sports. Une réunion des parties concernées a été annoncée dès dimanche 29 mai. Objectif affiché : « Cerner très précisément les dysfonctionnements avec l’UEFA, la Fédération française de football, le Stade de France, la Préfecture de police de Paris, la Préfecture de Seine-Saint-Denis et la mairie de Saint-Denis. »
Dans son communiqué, le ministère ajoute vouloir « tirer toutes les leçons pour éviter que de tels incidents se reproduisent pour nos futurs grands événements sportifs internationaux. » Ils ne sont pas cités, mais le message est clair : pas question de revivre les mêmes scènes l’an prochain à la Coupe du Monde de rugby, ou aux Jeux olympiques et paralympiques à Paris en 2024.
Sur le papier, le risque semble mince. A l’exception du site, le Stade de France, les points communs entre la finale de la Ligue des Champions et les Jeux de Paris 2024 se révèlent peu nombreux.
Le public, en premier lieu. Le football n’a jamais vraiment su contenir les débordements de supporteurs, au stade et en dehors. Le mouvement olympique n’en a jamais connu. Difficile d’imaginer des groupes de fans tenter d’escalader les grilles du Stade de France ou d’un autre site de compétition pour assister, sans billet, à une session d’athlétisme ou une finale de handball.
Deuxième différence : la préparation. La député LREM-Renaissance Aurore Bergé l’a rappelé dimanche 29 mai sur RMC : la France a organisé « en à peine trois mois » une finale de la Ligue des Champions initialement prévue en Russie, à Saint-Pétersbourg.
Certes, le dispositif de sécurité était massif. Il comptait 6.800 policiers, gendarmes et pompiers, renforcés par un grand nombre d’agents de sécurité privé. Il devait servir de test pour la Coupe du Monde de rugby 2023 puis les Jeux de Paris 2024. Mais leur préparation a été réduite à une poignée de semaines. Pour les Jeux d’été, elle a débuté depuis plusieurs années et sera encore rodée au cours des 700 et quelques jours à venir.
Enfin, la billetterie n’a rien de comparable entre les deux événements. L’UEFA a expliqué que « des milliers de spectateurs » se sont présentés au Stade de France avec de « faux billets qui ne fonctionnaient pas« . Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a saisi la justice pour une « fraude massive aux faux billets. »
Les billets pour la rencontre entre Liverpool et le Real Madrid étaient en version papier. A l’ancienne. Pour les Jeux de Paris 2024, les places pour les compétitions seront éditées en format numérique. Une telle option diminue a priori les risques de faux et de contrefaçon.
Il n’empêche, les incidents de la finale de la Ligue des Champions ne sont pas sans effet sur l’image de la France à deux ans et quelques semaines des Jeux de Paris 2024. Ronan Evain, le directeur exécutif du réseau Football Supporters Europe, l’a suggéré à l’AFP : le fiasco de la soirée « pose la question de la capacité de la France à organiser des événements de cette taille. Il y a un besoin très fort de moderniser l’approche de la sécurisation de ces rencontres« .
Selon une source sécuritaire citée par Le Parisien, « ce ne sera pas le même public pour le rugby et les JO, mais il y a des points importants à débrieffer. »
En tête de liste, la question de la cérémonie d’ouverture. Prévue en plein Paris, le long de la Seine, elle devrait rassembler 600.000 spectateurs. A ce jour, il n’est pas prévu d’en limiter l’accès aux détenteurs de billets, même gratuits. Mais le projet d’une cérémonie ouverte à tous, la plus accessible de l’histoire des Jeux, a longtemps été contestée par la préfecture de police de Paris. Les incidents du Stade de France ne la remettront pas en question. Mais ils semblent de nature à modifier son approche sécuritaire.