Il se passe toujours quelque chose dans le monde de la boxe olympique. Les épisodes se suivent sans répondre au moindre ordre établi, laissant une impression de chaos dont les acteurs semblent s’accommoder comme d’une seconde nature.
Le dernier en date mérite à coup sûr de s’installer dans le top 10. Mardi 14 janvier, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a jugé que le Néerlandais Boris van der Vorst (photo ci-dessus, debout), candidat à la présidence de la Fédération internationale de boxe (IBA, ex AIBA) avant d’être écarté du scrutin pour de présumées irrégularités, aurait dû être éligible.
Son exclusion du vote n’était pas justifiée, ont estimé les juges saisis du dossier. Il aurait dû pouvoir se présenter devant les électeurs face au président sortant, le Russe Umar Kremlev, samedi 14 mai dernier à Istanbul.
Selon le TAS, les irrégularités reprochées à Boris van der Vorst – avoir fait campagne avant l’ouverture officielle – étaient mineures. Elles ne justifiaient en rien son exclusion du vote. La juridiction basée à Lausanne a livré le même verdict concernant les autres plaignants, trois dirigeants postulants à des fonctions officielles au sein de l’IBA, eux aussi poussés dehors avant le scrutin.
Boris van der Vorst et les trois autres exclus méritaient tout juste « une sanction légère telle qu’un avertissement« , voire pas la moindre sanction, suggère le Tribunal arbitral du sport.
Mieux : le TAS estime dans son jugement, publié mardi 14 juin, que le président sortant, Umar Kremlev, s’est rendu coupable des mêmes infractions. Lui aussi aurait fait campagne en dehors de la période autorisée. Il n’a pas pourtant pas été sanctionné. Seul en lice pour le poste suprême, il a été réélu par acclamation pour le poste suprême.
Rappel des faits. Président de la Fédération néerlandaise de boxe, Boris van der Vorst a fait le voyage vers Istanbul pour le congrès extraordinaire de l’IBA, du 13 au 15 mai dernier, avec l’ambition assumée de déboulonner Umar Kremlev et s’installer sur le fauteuil de président de l’IBA.
Seul rival du sortant, il n’était pas donné favori. Mais le contexte géopolitique – le conflit en Ukraine – pouvait servir ses intérêts. Surtout, il proposait une alternative à un président sortant, Umar Kremlev, pointé du doigt par le CIO comme une menace pour l’avenir olympique de la boxe.
A la veille du scrutin, coup de théâtre à Istanbul : l’Unité indépendante d’intégrité de la boxe (BIIU) a déclaré le Néerlandais inéligible. Boris van der Vorst s’est empressé de solliciter le TAS pour tenter de retarder l’élection. Mais sa demande a été rejetée. Le lendemain, Umar Kremlev a raflé la mise sans même avoir à en passer par les urnes.
L’élection pliée et les résultats annoncés, Boris van der Vorst n’a pas rangé les gants. Il a fait appel devant le TAS. Un mois jour pour jour après l’élection, la juridiction vient de lui donner raison.
Question : Umar Kremlev devra-t-il rendre les clefs de son bureau présidentiel, au moins provisoirement ? A ce stade du feuilleton, la réponse manque de clarté.
A l’annonce du jugement du TAS, l’IBA a sobrement expliqué dans un communiqué publié sur son site Internet « prendre acte » de la décision de la juridiction. L’instance précise qu’elle « demandera un avis juridique sur ses implications et envisagera les mesures appropriées le 24 juin« , date de la prochaine réunion à Lausanne de son conseil d’administration. Mais elle rappelle que la décision d’exclure les quatre candidats avait été prise par un organisme indépendant.
Dans le camp adverse, les quatre plaignants ont déclaré se « réjouir de coopérer avec l’IBA pour rétablir le processus d’élection, dès que possible« . Le message est limpide : Boris van der Vorst veut une nouvelle élection. Il l’espère au plus tôt. Et entend bien tenter à nouveau sa chance.
Pour le CIO, le verdict du TAS sonne comme une bonne nouvelle. L’instance olympique n’a jamais caché ne pas accorder la moindre confiance à Umar Kremlev pour tenir les rênes de la boxe. La perspective de voir le Russe quitter la scène et l’IBA changer de gouvernance n’est sans doute pas pour lui déplaire.
Mais le scénario d’une nouvelle élection, et surtout d’une défaite d’Umar Kremlev, est loin d’être déjà écrit. La boxe et ses dirigeants ont toujours su surprendre leur monde.